J’ai bifurqué si loin de leurs yeux

Je reviens au lycée Condorcet de Saint-Maur-des-Fossés où j’ai travaillé l’an dernier, et je dis aux élèves (qu’on m’a promis choupis comme tout) : « Je ne suis pas ami avec vos profs. » Je n’ai pas l’intention de vexer quiconque : il s’agit d’expliquer que le CNL m’a mis en relation avec elles en 2021 dans le cadre …

Pas un ange, mais quasi

C’est un ange apparu sur le quai du RER à la station Gare-du-Nord, non pas pour m’indiquer la voie, mais pour me dire : « Tu es au bon endroit » — dans ta vie en général. Et en particulier, il me demande : « Vous êtes arrivé par quel moyen ? » Il s’agit d’une enquête sur la mobilité ; l’ange porte …

L’intensité jamais ne déçoit

Il y a un cadre. S’il n’y avait pas de cadre, il n’y aurait rien dans le cadre. Logique. Ici, le cadre est matérialisé par les contours de la salle de classe (l’espace) et les cinquante-cinq minutes du cours (le temps). Devant les élèves, P. dit qu’il n’aime pas les horaires, la routine, les programmes …

Que désirez-vous ?

Bien sûr, deux cowboys qui s’aiment d’amour au début du XXᵉ siècle, ça ne va pas être facile, on s’en doute. Alors, en montrant la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, on espère quoi ? On apprend quoi ? Et à qui ? Comme tout le monde (je veux dire : comme tous les garçons comme moi), …

Je me souviens de mes difficultés

Je traîne ma tristesse et J.-E. me traîne comme un boulet. Il me dit que non, je ne suis pas un boulet. Je réponds : « Je n’insiste pas, n’en parlons pas longtemps, je te signale juste que j’ai conscience d’être chiant, ne crois pas que je ne le sais pas. » Il pourrait m’abandonner à mon sort, …

Ça ressemble à la fin de quelque chose

C’est l’histoire de la fin d’une histoire : je reviens au lycée Charles-de-Gaulle, où je suis venu souvent en 2020 et 2021. J’avais dit à Fred et Hélène que je serais partant pour refaire un truc : je n’hésite pas à dire aux gens que je cherche du travail. Je me suis dit aussi : « Faut que j’aille …

De photons qui s’agitent fort

Je parle très exalté, je prononce des phrases définitives sur ma conception de l’écriture et de la vie en général, des formules séduisantes, un résumé de mon rapport aux choses et aux gens, comme s’il avait lentement mûri à la faveur d’une quête philosophique, mais en vérité c’est improvisé. C’est le genre de choses que …

C’est poreux

« Et la dernière œuvre dont vous n’avez pas encore parlé, c’est vous », me dit-elle dans la cuisine après qu’on a traversé l’expo ensemble. Je ne sais pas si elle est ironique. Elle n’a pas l’air du genre à se moquer. Alors je réponds ça — parce qu’il me semble qu’elle a un peu raison, et …

Il n’y a pas de temps perdu

Pour aller au lycée de P. l’autre jour, j’ai pris de l’autre côté depuis la même gare. Un quart d’heure à pied. Là, pour le collège, ce sera vingt minutes dans la direction opposée. La gare s’appelle Épinay-Villetaneuse : logique. Il y a donc le côté de chez Jacques-Feyder (le lycée d’Épinay) et le côté de …

C’est cette chambre abstraite

« C’est l’endroit où je peux extérioriser mes émotions et me retrouver en moi-même », écrit-elle. Je lui demande si elle a conscience du paradoxe de sa phrase, elle me répond que oui, bien sûr. Il s’agissait de décrire de mémoire un espace familier, connu par cœur. En moins d’une heure, que faire de plus ? Là, au …