Gênes est un monde, quelque part entre Marseille et Naples. Je ne connais pas Marseille. Je suis allé à Naples, un peu. Gênes est encore autre chose. Je m’y perds. Je n’ai pas le plan en tête. L’hôtel où je suis descendu (je ne parle pas de « descendre à l’hôtel », comme les élégants, mais de …
Archives de l’étiquette : la mer
On a eu chaud
Le sable sous les pieds est carrément pénible. Je regarde, curieux : ma peau a rougi. Je craignais les brûlures d’en-haut (pas un seul nuage en vue), mais je n’avais pas pensé à celles du dessous. Il y a deux jours, au kiosque d’informations touristiques de Ravenne, aux trois ragazze et au ragazzo (le sourire …
L’île est toute petite
J’écris à John que nous passons la semaine sur « cette petite île au bout du monde, la lande sauvage, les côtes découpées, les rochers incroyables » — et lui m’envoie les paroles de cette chanson : « C’est presque au bout du monde / Ma barque vagabonde / Errant au gré de l’onde / M’y conduisit un …
En attente des personnages
Venise est un décor : d’accord. Une fois qu’un a dit ça, on fait quoi ? Le décor est le décor de quelque chose : en attente des personnages. Tandis que la montagne, elle n’avait pas besoin de nous. Au rifugio Des Alpes, après que nous avons expliqué à la dame la suite de notre voyage, elle a …
Je suis née dans les montagnes, mais quelqu’un m’en parlait toujours
Les montagnes, je les franchis en train, je ne m’arrête pas dans leur immensité bizarre : elles sont un décor que j’observe à travers une vitre qui ne s’ouvre pas. Ce pourrait être un rituel. Combien de fois ? La première, une nuit : je n’ai rien vu. Plusieurs fois la nuit. Maintenant, en plein …
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Comme un poisson dedans
L’endroit est familier (une architecture à taille humaine) et à la fois exotique (un palmier dans la cour). C’est l’école des Beaux-Arts du Havre et j’ai été, moi aussi, étudiant dans une école d’arts : une sorte d’effervescence dans un cadre institutionnel : je sais qu’un tel assemblage est possible. Il y a des copies d’antiques en …
Peut-être sont-ils aussi sympas que moi
Ce garçon, appelons-le Lorenzo, par exemple, il est dans l’eau à côté de moi, dix-huit ans, vingt au maximum, il est seul. Un rocher affleure : Lorenzo essaie de grimper dessus, il glisse à plat ventre comme un manchot, il monte à quatre pattes, il parvient à se mettre debout malgré les vagues. L’eau lui …
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Pourtant ce marin me sauve
Il a le sourcil droit plus haut que le gauche. Quand les miens ne sont pas symétriques, c’est dans l’autre sens : je sais lever le gauche en fronçant le droit. Lui, je ne crois pas qu’il le fasse exprès : sa pose n’est pas forcée. Il regarde au loin parce que le photographe lui a dit …
Je me blottis dans son ombre, lui dans la mienne
Je sens ses doigts sur ma peau, à l’endroit où j’ai fait un pli à la manche de mon t-shirt (nous sommes en plein soleil, face à la mer). Une caresse brève, vite interrompue — car une vague plus forte que les précédentes roule à nos pieds, nous reculons, deux pas en arrière. L’eau se …
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Comment il voit les autres et comment il se voit, lui
Il trouve que c’est fou de voir la ville d’en bas, depuis la mer. On est dans l’eau jusqu’au cou comme on est immergés dans la ville : la mer froide, vivifiante, et la ville trop chaude, bien vivante. Il dit qu’il adore cette ville, qu’il voudrait vivre ici. Je lui rappelle qu’il y a …
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