Dans l’appartement de Victor Hugo, je dis à Pierre : « Tiens, je le connais, lui, Tony Robert-Fleury, il est dans mon roman » — dans mon roman qui n’est pas encore un livre, mais bon, il sait de quoi je parle puisque je lui ai lu le manuscrit. Il y a plusieurs allusions au grand Totor dans …
Archives de l’étiquette : Rue des Batailles
On décrit l’invisible et contourne l’évidence
Un petit malin a écrit un texte érotique. Il dit : « C’est une surprise. » Je rigole en découvrant le truc. Tandis que lui fait moins le malin : il doit craindre ma réaction. Il a beau avoir compris qu’on n’était pas en classe, mais dans un espace sûr, il éprouve ce plaisir un peu coupable du gosse …
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Le sujet, pour moi, c’est le regard
J’étais persuadé d’être déjà venu. À cause du nom : le Doc, ça semblait familier, j’avais eu l’occasion de visiter un truc il y a plusieurs années, mais quoi ? dans ce lieu hybride proche de la place des Fêtes. Une expo ? Non, je me suis trompé. Cet endroit ne me dit rien du tout. Une sorte …
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Dont ils sauront faire leur miel
On fait des calculs. Pour mieux comprendre. Appréhender. Du verbe prendre : exercer une préhension sur. Comme si on était capables de saisir des objets pareils ! Immenses. Mais grands comment, grands comme quoi ? Par exemple, on dit : « Il y a vingt-cinq étages pour monter chez Luke, ça fait soixante mètres peut-être, disons soixante-quinze, …
Avant d’atteindre la butte promise
Nous avons vécu dans un endroit beau. Aujourd’hui aussi, c’est beau, mais moins, ou différemment. Il ne s’agit pas de beauté absolue, rue de la Roquette. Notre cour est agréable parce que bien entretenue, ombragée par de hautes feuilles, parcourue par des chats : l’architecture pauvre et fonctionnelle d’un faubourg du XVIIIe s’est parée, au XXIe …
Les jumeaux ne sont pas des clones
Je tente des équivalences formelles. À Bourges, puisque ça dure trois jours, il me faut trois façons différentes d’aborder le récit. Pour commencer il y a le corps (je pars toujours du corps). Ensuite on bifurque. Le premier jour, nous visitons une expo sur le sport (on n’y échappe pas), alors je dis : « Choisissez un …
Ça ne sent pas bon
Dans la première salle, une brochette de chevaux fantômes, les yeux rouges, me font penser à la fougueuse cavale de notre chambre : les hommes sans visage montés sur des animaux plus beaux qu’eux, détourés d’un halo mystique, une ligne tracée par le père de J.-E. de son pinceau blanc ; pourtant leurs yeux sont noirs sur …
Le cœur a bon dos
« T’inquiète, je te dirai si ça ne va pas. » Il sait que je ne fais pas semblant. On peut tout se dire. On n’hésite pas, ni lui ni moi. Alors il est attentionné, prévenant, mais pas inquiet. Il conduit avec souplesse et je supporte le roulis. Mon estomac tient la route. Pourquoi dit-on « mal au …
Le mystère de l’escamotage
Il est comme Jérôme (et c’est Jérôme qui me l’a envoyé, car les amis de mes amis, etc.) : plutôt que de se faire discret, d’effacer toute trace de son passage, il les accumule, il les met en scène. Sur mon bureau, un « presque carré de cadeaux presque involontaires » : les choses qu’il me laisse en témoignage. …
Habiter cette case « autre »
Je lui dis qu’il va me manquer. Il n’est pourtant pas encore parti. J’anticipe. Il me dit quelque chose de joli. J’appelle ça une déclaration. Pour moi, entre les lignes, c’en est une. Il précise : « parce que je suis pudique. » Il sait être explicite autrement que par les mots. Il agit. Il fonce. Il est …