Je découvrirai la vidéo en même temps que tout le monde. Il faut faire confiance. Le tournage a duré plusieurs heures (deux au moins) pour combien de rushes ? Une demi-heure. Sans doute davantage. Le clip final durera trois, quatre minutes maximum. Au montage, une infinité de films potentiels : garder une image, en virer une autre… …
Archives de l’étiquette : l’adolescence
Que désirez-vous ?
Bien sûr, deux cowboys qui s’aiment d’amour au début du XXᵉ siècle, ça ne va pas être facile, on s’en doute. Alors, en montrant la vérité, rien que la vérité, toute la vérité, on espère quoi ? On apprend quoi ? Et à qui ? Comme tout le monde (je veux dire : comme tous les garçons comme moi), …
Les désirs ne coïncidaient plus avec les possibles
Il me dit que je suis beau. Je lui réponds que je le sais déjà, puisqu’il me l’a dit ce matin, au réveil. Il me dit aussi, plus tard, tout bas, au creux de l’oreille, comme pour me confier un secret, qu’il m’aime, et qu’il ne faut le répéter à personne. Et moi, je réponds : …
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Écrire à la première personne m’est à la fois agréable et étrange
La proviseure a enseigné quinze ans en Seine-Saint-Denis. Elle sait que j’y travaille souvent. Elle me prévient : « Ici vous verrez, c’est différent » — puis je dis que j’ai fait mon lycée au Vésinet — et elle répond : « Alors vous ne serez pas dépaysé » — parce que Saint-Maur-des-Fossés est une banlieue résidentielle comme celle où j’ai …
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Je suis l’un de ces adultes : visible et fier
Je ne suis pas étonné de reconnaître des visages familiers : ici, se sont donné rendez-vous des personnes qui se ressemblent, qui me ressemblent. Non, il ne s’agit pas vraiment de ça. Plutôt : bien que tous et toutes différent·es, nous nous identifions à un même monde (idéal) où la diversité est joyeuse et célébrée. Nous sommes …
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Mais protégés par une fiction douce
D’abord, je suis content de les rencontrer pour partager ce qui compte pour moi — lire, écrire — je commence presque toujours par dire ça devant une classe — puis, à eux, je dis que ce lieu a un goût particulier pour moi, car je le fréquentais à leur âge (dire « à votre âge » à …
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Je nage, plus à mon aise que dans l’eau véritable
J’ai fait comme Théo dans Les présents (une fille me demande si mes livres sont autobiographiques et je lui réponds que, d’une certaine manière, les personnages me ressemblent, mais j’aurais dû ajouter : « et réciproquement », car aujourd’hui c’est moi qui imite Théo), j’ai fait comme lui au métro Mairie-de-Montreuil : j’ai pris la rue Pierre-de-Montreuil. Je ne …
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J’avais envie de suivre un autre garçon (pourtant le même)
Mon corps, ma voix, mon sourire ne suffisaient pas. J’étais incapable de me présenter à l’autre, équipé de ce seul attirail : une enveloppe physique médiocre (l’image que j’avais de moi-même oscillait entre « ordinaire moins » et « ordinaire plus » selon les jours), un manque criant de répartie et d’humour, et l’absence totale d’expérience. Il fallait que je …
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Ce n’était plus de la licence poétique, mais de la myopie
Avant de porter des lunettes, je ne voyais pas flou. Je voyais, c’est tout. Je veux dire : bien sûr que je voyais flou, mais je ne le savais pas. J’avais réussi à abuser les rares médecins scolaires qu’on avait placés sur ma route. Quand ils me demandaient de lire les lettres sur le panneau, je …
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Une tempête comparable grondait dans le crâne d’à-côté
On ne peut pas savoir ce qu’il y a dans la tête des autres. Je n’étais pas ami avec lui ; je l’aimais bien. Nous étions camarades, de loin. Les gens qui semblaient être ses amis me paraissaient sympathiques. Pourtant, je ne me mêlais pas à eux. Je fréquentais seulement une poignée de personnes, dans une …
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