J’habite sur une presqu’île et j’attends à la gare quelqu’un que j’aime, alors j’ai pensé que ce serait une bonne idée de lire ce livre : un homme habite sur une presqu’île et attend l’arrivée d’Irmgard. « Irmgard était dans le train maintenant, et ce vacarme réglé, ferraillant et fidèle, auquel il la confiait le rassurait : elle …
Archives de l’étiquette : le voyage
On en aura fait le tour
On pourrait croire d’abord que les allées menant à l’océan portent des noms d’oiseaux (mouettes, courlis, sarcelles, sternes, pluviers, albatros) et que celles de derrière, en retrait de la côte, pratiquent le langage des fleurs (bégonias, mimosas, seringats, hortensias, pas mal de noms en a), mais tout est plus complexe qu’on croit. L’allée des Marguerites …
J’ai envie d’être avec toi
Dimanche soir, je dis à J.-E. : « La surprise était complètement loupée, mais le cadeau était trop bien. » La tradition de ces week-ends mystères a commencé il y a mille ans, il est même très possible que ce soit moi qui l’ai lancée, dès notre deuxième été : puisque l’anniversaire de J.-E. tombe un jour férié, il …
Dont ils sauront faire leur miel
On fait des calculs. Pour mieux comprendre. Appréhender. Du verbe prendre : exercer une préhension sur. Comme si on était capables de saisir des objets pareils ! Immenses. Mais grands comment, grands comme quoi ? Par exemple, on dit : « Il y a vingt-cinq étages pour monter chez Luke, ça fait soixante mètres peut-être, disons soixante-quinze, …
Par quels détours
Ça commence par une nuit. Savez-vous qu’il existe à Paris des imprimeries de nuit, comme ailleurs des pharmacies de garde ? On a réuni sur une clé USB les images qui deviendront bientôt une ode au voisin d’en face : composition sur ready-made pour célébrer l’envers et l’endroit. Est-ce qu’il nous voit par sa fenêtre, lorsque nous …
Y passer le même temps encore
Gênes est un monde, quelque part entre Marseille et Naples. Je ne connais pas Marseille. Je suis allé à Naples, un peu. Gênes est encore autre chose. Je m’y perds. Je n’ai pas le plan en tête. L’hôtel où je suis descendu (je ne parle pas de « descendre à l’hôtel », comme les élégants, mais de …
On a eu chaud
Le sable sous les pieds est carrément pénible. Je regarde, curieux : ma peau a rougi. Je craignais les brûlures d’en-haut (pas un seul nuage en vue), mais je n’avais pas pensé à celles du dessous. Il y a deux jours, au kiosque d’informations touristiques de Ravenne, aux trois ragazze et au ragazzo (le sourire …
Il y a des gens là-haut
On pourrait dire, par facilité : « coupés du monde ». Mais le monde, c’est aussi la pierre, les brins verts qui en émergent parfois, les parois humides qui s’élèvent à mille mètres au dessus de nos têtes et scintillent au premier rayon. Le monde, c’est aussi la neige qu’il faut fouler, alors que j’aurais préféré ne …
Nous sommes l’horizon désirable
Je m’inquiète pour J.-E. qui doit rester sans moi ce soir et les jours suivants. Non pas qu’il soit incapable de vivre sans moi (nous savons nous séparer quelques nuits, voire une semaine, afin de varier les manières de s’aimer, à distance ou tout proches, depuis dix-huit ans), mais il s’agit d’une soirée spéciale. Nous …
Quelle version est la bonne ?
Alors c’est à nouveau Nantes. Les étapes d’une dérive bourrée d’émotions qui ne s’émoussent pas, au contraire, puisque je les réactive à chaque passage. La mémoire ne s’impose pas magiquement, je l’enfle et la travaille. Inutile de répéter ici dans quels lieux je me reconnais : le parcours est presque identique, mais jamais tout à fait. …