C’est la vraie vie, puisque c’est la nôtre

En sortant du film, on propose à Solène un café dans la rue Champollion. On lui dit : « C’est le repaire des cinéphiles » à cause des trois cinémas en enfilade sur le trottoir impair. Ici, des jeunes gens se pressent pour voir des vieux classiques en noir et blanc. L’image d’Épinal s’incruste. Lorsque je vais à …

À l’échelle de mes petits bras

Dans l’appartement de Victor Hugo, je dis à Pierre : « Tiens, je le connais, lui, Tony Robert-Fleury, il est dans mon roman » — dans mon roman qui n’est pas encore un livre, mais bon, il sait de quoi je parle puisque je lui ai lu le manuscrit. Il y a plusieurs allusions au grand Totor dans …

Le sujet, pour moi, c’est le regard

J’étais persuadé d’être déjà venu. À cause du nom : le Doc, ça semblait familier, j’avais eu l’occasion de visiter un truc il y a plusieurs années, mais quoi ? dans ce lieu hybride proche de la place des Fêtes. Une expo ? Non, je me suis trompé. Cet endroit ne me dit rien du tout. Une sorte …

Y passer le même temps encore

Gênes est un monde, quelque part entre Marseille et Naples. Je ne connais pas Marseille. Je suis allé à Naples, un peu. Gênes est encore autre chose. Je m’y perds. Je n’ai pas le plan en tête. L’hôtel où je suis descendu (je ne parle pas de « descendre à l’hôtel », comme les élégants, mais de …

Ça ne sent pas bon

Dans la première salle, une brochette de chevaux fantômes, les yeux rouges, me font penser à la fougueuse cavale de notre chambre : les hommes sans visage montés sur des animaux plus beaux qu’eux, détourés d’un halo mystique, une ligne tracée par le père de J.-E. de son pinceau blanc ; pourtant leurs yeux sont noirs sur …

Quelle version est la bonne ?

Alors c’est à nouveau Nantes. Les étapes d’une dérive bourrée d’émotions qui ne s’émoussent pas, au contraire, puisque je les réactive à chaque passage. La mémoire ne s’impose pas magiquement, je l’enfle et la travaille. Inutile de répéter ici dans quels lieux je me reconnais : le parcours est presque identique, mais jamais tout à fait. …

Choisir entre la vitesse et la lenteur

D’habitude, Nantes est une escale. Non, ce n’est pas vrai ; je suis déjà venu à Nantes sans aller au-delà ; deux fois ; il n’y a donc pas d’habitude. C’est plutôt un rituel. Avec Axel, j’ose le mot « pèlerinage ». Il regrette de me quitter pour travailler, au lieu de passer avec moi ces deux dernières heures de …

On s’amuse : c’est-à-dire qu’on apprend

Dès que je trouve la formule, j’en suis tellement content que je la répète à trois personnes pendant la soirée ; elles ne sauront jamais que je ne l’ai pas improvisée pour elles. D’habitude, je m’efforce d’être inédit, comme lorsque j’achète des cartes postales : je prends soin de les choisir différentes, bien que leurs destinataires ne …

D’autres pierres nous attendent

Les fragments tiennent par des pièces de métal vissées au mur. La pierre n’est pas gravée profond, de loin elle paraît lisse, pour la fixer ils ont mis trois gros rivets en acier, on ne voit que ça. Il y a un tampon en mousse entre elle et le métal rouillé. Parfois il manque. Si …

On a « fait » quelque chose

D’autres sont anxieux à ma place, tandis que je reste libre d’y penser quand je veux, avec légèreté. Ils me demandent des nouvelles de mon manuscrit. Est-ce que j’ai reçu des réponses ? Oui, bof, non, pas trop, mais ça va : je dis que presque personne ne l’a lu pour l’instant, qu’il vivra sa vie sans …