À G. qui me demande si je serai à la BNF cet après-midi, je réponds oui, mais pas à Tolbiac comme lui, plutôt à Richelieu : « parce que je préfère les ors, les boiseries, le luxe. » Bien sûr, il rebondit : « la luxure. » Mais non, il se trompe, il ne m’arrivera rien de ce genre, car …
Archives de l’étiquette : atelier d’écriture
Une présence unique éclaire la nuit
À l’emplacement de la rue des Batailles, après que toutes les maisons ont été rasées (celle où Jules a vécu, et puis l’usine Cail qui descendait jusqu’à la Seine), alors que la butte de Chaillot était toujours nue (esplanade vide où aucun des monuments envisagés n’a jamais été construit), au beau milieu des décombres du …
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Ils ont été avalés par une poignée d’élèves
« Les écrivains ont toujours une écharpe et une tasse de café. » Il me dit ça, le môme, dans la cour de récré. Et le pire, c’est qu’il a raison : sorti de la salle des profs sans avoir fini mon café, je porte la tasse à la main. Et l’écharpe ! Rouge, en plus. Mais d’où sort-il …
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Écrire à la première personne m’est à la fois agréable et étrange
La proviseure a enseigné quinze ans en Seine-Saint-Denis. Elle sait que j’y travaille souvent. Elle me prévient : « Ici vous verrez, c’est différent » — puis je dis que j’ai fait mon lycée au Vésinet — et elle répond : « Alors vous ne serez pas dépaysé » — parce que Saint-Maur-des-Fossés est une banlieue résidentielle comme celle où j’ai …
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Il se peut qu’on s’évade en passant par la porte
Il y pousse des herbes plus grandes que nous — nous, à la première personne du pluriel, car les plus jeunes sont presque aussi grands que les plus vieux : quatre collégien et collégiennes, le prof et moi. Nous sommes au CDI, un lieu silencieux par vocation, aujourd’hui plein de nos agitations invisibles : dans les têtes, …
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Le texte est plastique
Dans une salle de classe très claire, peut-être celle de physique-chimie où nous étions la dernière fois (avec les squelettes exposés sur l’étagère : j’aurais dit des crânes de rongeurs, mais de la taille d’une tête de chat), on s’était réfugiés ici parce que la salle habituelle donne directement sur le chantier et que le marteau-piqueur …
Il fallait commencer par ça
Il me dit : « C’est la première fois qu’on voit votre visage. » Et là, un truc se pince dans ma poitrine, petit éclair minuscule : dire que ça me bouleverse de l’entendre, ce serait faux ; mais quelle tristesse d’en arriver là. On a perdu trop de temps. C’est par ça qu’il fallait commencer. Non pas par montrer …
Je me méfie de la verticalité
Je ne vois même pas le haut de l’hôtel de ville, son beffroi perdu dans le brouillard, alors les deux affreuses tours derrière le cinéma, je n’y pense même pas. Totalement effacées, oubliées. Je n’aimais pas leur surplomb : je me méfie de la verticalité. Ce matin, le ciel, au-delà de cinquante mètres : un écran blanc …
Je nage, plus à mon aise que dans l’eau véritable
J’ai fait comme Théo dans Les présents (une fille me demande si mes livres sont autobiographiques et je lui réponds que, d’une certaine manière, les personnages me ressemblent, mais j’aurais dû ajouter : « et réciproquement », car aujourd’hui c’est moi qui imite Théo), j’ai fait comme lui au métro Mairie-de-Montreuil : j’ai pris la rue Pierre-de-Montreuil. Je ne …
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À peine avait-on mentionné son nom qu’il s’évanouissait à nouveau
Je n’ai pas senti le feu, comment dire, la flamme, le truc magique. Chaque fois, je me dis que la séance qui commence pourrait être une de ces parenthèses, un de ces moments suspendus : une écoute, une curiosité, et soudain la réaction chimique se produit. Je sens des ailes me pousser. Alors j’ose tout. J’en …
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