En les autres peut-être, en soi surtout

La première chose qu’il me dit, quand je le trouve au coin de la rue du Temple et de la place de la République : « Je suis monté sur la statue et j’ai dansé sans ma chemise. » Ce qu’il me dit le lendemain, avant de reprendre son train : « Il y a quelques jours encore, je me …

L’animal nocturne comme un cadeau

Il y a quatre personnages. L’un est un homme. Les autres, un oiseau, un crustacé, un reptile : des chimères, en vérité. Des allégories peut-être. De quoi ? L’homme a pour mission de défendre le temps, c’est-à-dire le globe de bronze où tournent deux aiguilles. Car c’est une horloge, le monument du quartier éponyme. Mille fois nous …

Paris est tout petit

Il dit qu’il a tout appris en observant la vallée de son enfance : comment les arbres poussent, comment vivent les bêtes et les gens, d’où vient l’eau et vers où elle coule. C’est le sujet de son exposition : la vallée. Mais en vérité, il s’agit de parler de tout le reste : le dedans des corps, …

Une présence unique éclaire la nuit

À l’emplacement de la rue des Batailles, après que toutes les maisons ont été rasées (celle où Jules a vécu, et puis l’usine Cail qui descendait jusqu’à la Seine), alors que la butte de Chaillot était toujours nue (esplanade vide où aucun des monuments envisagés n’a jamais été construit), au beau milieu des décombres du …

La joie et la fierté à l’état sauvage

Ça commence dans le métro : on est serrés, on a chaud. Ce n’est pas une rame bondée, ce n’est pas la promiscuité : c’est une foule joyeuse et solidaire, c’est le désir d’être ensemble. Une seule ligne de métro mène à Pantin, d’où partira la marche. Nous, on attend O. dans un café en haut de …

Il nous reste le jardin de Reuilly

On descend l’avenue Gambetta à visage découvert. Il est trois heures du matin, on a pas mal picolé, l’avenue est déserte. On ne craint pas de projeter nos fluides et notre haleine sur des inconnus : il n’y a personne. Il ne fait même pas froid, on avale de grandes bouffées d’air. C’est un moment …

Remonter le temps (et la rue des Amandiers)

Je lis Hic. Je lis au lit, comme je le fais les matins où je m’éveille seul. Quand je ne suis pas seul, c’est-à-dire en temps normal, c’est le soir que je lis au lit, avec J.-E., parce qu’on voit plus clair dans la chambre que dans le salon. À moins que ce ne soit …

Combien, parmi eux

J’ai déjà quelques minutes de retard, mais je ne me presse pas. Je voudrais faire un détour. Je me dis : « Que je sois là ou pas, ça ne change rien, ils n’ont pas besoin de moi ». Mais, j’arrive devant le bar, et ce serait trop étrange de ne pas entrer. Le bar est au fond …