Je n’avais pas remarqué tout de suite les pointillés : une rue brève, qu’il serait question de prolonger à travers les maisons, les jardins. Les lignes sont tracées par-dessus les blocs hachurés, des zones emplies de petits points irréguliers. Je vois ça sur les plans des années 1860. Je ne les avais pas remarqués car, …
Archives de l’étiquette : la forme d’une ville
La ville avait l’air d’un gâteau doré dans ses remparts
Une lumière vive éblouit soudain, puis disparaît. Jour, nuit. La revoici aussitôt occultée. Et ainsi de suite : un lever du jour en dents de scie. À l’est, ce sont les montagnes. Je me trouve entre Valence et Orange, à vue de nez (je calcule par rapport à l’horaire de mon train). Je lis. J’ai …
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À peine avait-on mentionné son nom qu’il s’évanouissait à nouveau
Je n’ai pas senti le feu, comment dire, la flamme, le truc magique. Chaque fois, je me dis que la séance qui commence pourrait être une de ces parenthèses, un de ces moments suspendus : une écoute, une curiosité, et soudain la réaction chimique se produit. Je sens des ailes me pousser. Alors j’ose tout. J’en …
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Demain ce sera rose
C’est fou le nombre de jeunes qui attendent sur ce quai avec un bouquet de fleurs : c’est dimanche, il est midi, ils sont attendus chez leur mère. Des tas de Parisiens ont leurs parents sur cette ligne. On avait déjà remarqué ça, à l’époque où nous faisions comme eux, prenant le train pour Marly-le-Roi. Cette …
Sans que j’aie besoin de l’effrayer
Je quitte un lieu connu (peut-être l’école où j’étudie, ou un autre établissement que je fréquente quotidiennement) pour explorer un nouvel espace. Bien que celui-ci communique avec le premier, personne ne passe jamais de l’un à l’autre, car personne n’a de raison de le faire. Moi, je suis curieux. Il s’agit d’un immense hangar. Je …
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Le mot « jeune » était inutile
Le robinet de la baignoire est resté ouvert : l’eau a coulé toute la nuit. C’est J.-E. qui me signale l’anomalie et moi, resté au lit (le lit étroit de mon enfance, dans ma chambre du Pecq), je culpabilise. Je cours à la salle de bains pour réparer mon erreur. C’était ma mission, de fermer le …
Le vide en-dedans est plus vaste que le plein autour
La supérette sombre où nous faisions nos courses est toujours à sa place, sur le côté droit, lorsqu’on monte la rue en sortant du métro. Nous ne nous approchons pas du magasin : nous restons au milieu de la chaussée. Nous longeons les façades, mais de loin. C’est moi qui mène. Je commente les évolutions du …
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Avant que ça devienne laborieux
C’est laborieux, mais dans le bon sens du terme. Autrement dit : c’est du boulot. Et j’aime ce boulot. Pour écrire quelques lignes de fiction, j’ai besoin d’un temps infiniment plus long (et d’une concentration bien plus grande) que pour écrire un billet de ce journal, que je jette ici sans difficulté, sans trop y réfléchir. …
Disons, pour simplifier : « quand nous étions jeunes »
Je ne l’avais pas remarqué, la dernière fois que je suis sorti à Pierre-et-Marie-Curie : il y a un très beau Bar du Métro. J’ai pourtant l’œil pour ces choses-là, d’habitude. Il y a dix ans, j’avais voulu n’en rater aucun : j’avais photographié trente-deux établissements nommés « Au Métro » situés à la sortie d’une station : la série …
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Mon désir de connaître cette ville où j’habite
J’achète exactement la même chose que samedi dernier, aux mêmes producteurs et dans le même ordre. Je n’éprouve pas de plaisir particulier à dire à une dame que les prunes que je lui ai achetées étaient très bonnes. Le garçon qui vend les tomates, qui doit avoir seize ans, me vouvoie alors qu’il m’avait tutoyé …
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