Il pourrait m’emmener n’importe où. D’ailleurs c’est ce qu’il fait : et nous voici dans ce club. Moi, dans un club ? Nous venons de boire une pinte, ailleurs, pour nous donner du courage. À l’intérieur c’est sombre et doré à la fois. Un or qui ne brille pas. Une grotte revêtue de petits cubes réfléchissants, mais …
Archives de l’étiquette : Paris
Le langage est mon langage
Je m’étonne, non, je m’émerveille, encore, toujours, de vivre cette vie. Dois-je remercier ma chance ? Dans le salon où l’on cause, dimanche, lorsqu’on m’interroge sur mon travail, je dis combien je suis comblé par « ce qui m’arrive en ce moment », à propos de mes livres à paraître, de la résidence, de tout — puis je …
Le mystère de l’escamotage
Il est comme Jérôme (et c’est Jérôme qui me l’a envoyé, car les amis de mes amis, etc.) : plutôt que de se faire discret, d’effacer toute trace de son passage, il les accumule, il les met en scène. Sur mon bureau, un « presque carré de cadeaux presque involontaires » : les choses qu’il me laisse en témoignage. …
Je pense à tout de suite
J’attends un coup de fil. À l’autre bout, quelqu’une m’annoncera une bonne nouvelle. Me fera une proposition concrète. Je l’espère. J’attends. Je n’utilise pas souvent le téléphone. Hier, c’était S. qui m’appelait. Il me racontait où il en était dans ses aventures éditoriales. Il savait qu’il recevrait un coup de fil quelques heures plus tard, …
Comment démolit-on un trou ?
Tout est en vrac. Il y a une semaine, c’était un garage. Ce matin la pelleteuse déblaie le monceau de béton, hop, hop, même mouvement que vous avec la balayette après que vous avez cassé un verre, une assiette. Il ne reste rien d’autre qu’un trou. Le sous-sol du garage. La cave. La cachette était …
Une connexion devient limpide, une autre demeure obscure
Une phrase toute faite. Quiconque s’est trouvé face à des élèves l’a prononcée. Mais normalement, elle n’est suivie d’aucun effet. À travers le remous (bavardages, chaises déplacées), je dis calmement : « Si ça ne vous intéresse pas, vous n’êtes pas obligés d’être ici. » J’insiste : « Je fais ce travail parce que j’aime ça, mais, si c’est une …
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Habiter cette case « autre »
Je lui dis qu’il va me manquer. Il n’est pourtant pas encore parti. J’anticipe. Il me dit quelque chose de joli. J’appelle ça une déclaration. Pour moi, entre les lignes, c’en est une. Il précise : « parce que je suis pudique. » Il sait être explicite autrement que par les mots. Il agit. Il fonce. Il est …
J’arpente les lieux vides et je déjeune dans des restaurants désolés
Ça se passe aux confins — de Bagnolet, de Montreuil et de Paris. C’est le moment où, d’une enjambée, on quitte Bagnolet en imaginant trouver Montreuil parce que ce sont « les puces de Montreuil », mais sur ce trottoir-là (on marche à droite) c’est Paris. On n’y croit pas. Parce que derrière le grillage c’est la …
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Comme le jour et la nuit
L’un des charmes de mon quartier, c’est qu’à toute heure on y trouve des gens qui veillent. Oui, il est trois heures ce mercredi soir, ou ce jeudi matin, et pourquoi n’y aurait-il personne dehors ? Un garçon et une fille s’embrassent. Ça commence bien. La suite, j’aime moins : ça traîne, ça titube, ça s’épave, ça …
Mais des oiseaux nous regardent
Il vient parfois le matin, mais là, ça faisait longtemps qu’on n’avait plus de nouvelles. Tu crois que c’est le même ? Je suis certain que oui. Regarde : il se pose au même endroit qu’avant. Il aime les petites boules rouges de cette plante, je ne sais pas comment elle s’appelle. Il sautille sur le bord …