Un délicieux polygone, irrégulier sans aucun doute

Quarante-huit heures (et même plus, car je reçois encore un texto le troisième jour pour me dire : « On s’appelle ? ») — soixante-douze heures, donc, pour débriefer une soirée qui a duré, quoi ? cinq heures peut-être. Cinq heures d’une densité extrême, où rien n’était prévu : ça a commencé par une rencontre, sans rendez-vous. Plus tard, je résumerai …

Je suis pris à mon propre (et doux) piège

À la radio, un vieux critique de cinéma, qui l’avait vu à sa sortie il y a cinquante ans, dit que le Paris qu’on voit dans ce film1 n’existe plus : l’hôpital Laennec où travaille Veronika a été vendu au milliardaire Pinault et, surtout, il est impossible d’imaginer aujourd’hui que des jeunes gens pauvres passent leurs …

Je suis l’un de ces adultes : visible et fier

Je ne suis pas étonné de reconnaître des visages familiers : ici, se sont donné rendez-vous des personnes qui se ressemblent, qui me ressemblent. Non, il ne s’agit pas vraiment de ça. Plutôt : bien que tous et toutes différent·es, nous nous identifions à un même monde (idéal) où la diversité est joyeuse et célébrée. Nous sommes …

Ce qu’on espère en littérature, autant qu’en amour

C’est encore une idée de Guillaume. « J’étais parmi les grandes tiges » : ça commence comme ça. Notre narrateur déambule dans les allées du Jardiland en quête d’amour. Non. À la recherche d’une plante grimpante. Mais les deux ne sont pas incompatibles. Il sera accueilli par Blaise, vendeur spécialisé en végétaux d’extérieur. Blaise est terriblement séduisant, bien …

Il a fallu une pose longue

Il veut refaire la photo parce que, l’autre jour, il a dû garder l’appareil ouvert longtemps à cause de la lumière moche (un spot unique fait tomber du plafond une douche blafarde). Résultat : je suis flou. Cette fois, il a emporté son pied pour travailler dans de meilleures conditions. Je dis : « Ça évitera que tu …

On rêve de la coquecigrue, de la licorne

Quand on parle de lui, les yeux brillent, le sourire hésite : on se demande s’il faut faire semblant d’y croire (passer pour un naïf) ou l’évoquer avec détachement (au risque de l’ironie) : « J’aime me bercer d’histoires, mais je ne suis pas dupe. » Le goût du mythe. On parle de lui comme on parle du yéti …

Les conditions propices à cette bifurcation

Nous pouvons parler de mille choses, lui et moi, je le sais, j’ai déjà vérifié cette magie : ça ne marche pas avec tout le monde, mais c’est chouette lorsque ça arrive, la conversation est animée, fluide, et jamais banale. Il est le genre de personne qui ne s’encombre pas de lieux communs : il attaque aussitôt …

La joie de se frotter à l’autre

Au pire, j’avais gardé un titre en stock. Si leurs idées étaient nulles (ou s’ils n’en avaient aucune), j’aurais fait le truc tout seul et ils m’auraient regardé travailler. Le « partage » aurait consisté à leur montrer l’outil (comment je maquette le bouquin) et à expliquer mes choix. Pauvre partage. Ce matin, je sollicite leurs idées …

Le vaisseau noir progresse dans le cosmos et étend son ombre sur le texte

Je suis désagréable quand je suis triste, c’est idiot car ça ne m’aide pas à me sentir mieux, au contraire, parce que je me sens nul d’avoir été désagréable. Le moment où j’ai peur de m’ennuyer : je vois arriver la chape d’ennui, elle avance doucement à travers le cosmos, comme un vaisseau menaçant et inéluctable, …

À quoi bon cette intimité ?

Pendant que J.-E. et Q. sont sortis, je dis à F. : « Je ne sais pas pourquoi, et je crois que je ne tiens pas à le savoir : depuis quelques jours je m’émerveille de tout, comme par principe, parce que j’ai décidé que toute chose serait belle et grande, et ça marche. Je dis …