Comme le jour et la nuit

L’un des charmes de mon quartier, c’est qu’à toute heure on y trouve des gens qui veillent. Oui, il est trois heures ce mercredi soir, ou ce jeudi matin, et pourquoi n’y aurait-il personne dehors ? Un garçon et une fille s’embrassent. Ça commence bien. La suite, j’aime moins : ça traîne, ça titube, ça s’épave, ça …

Mais des oiseaux nous regardent

Il vient parfois le matin, mais là, ça faisait longtemps qu’on n’avait plus de nouvelles. Tu crois que c’est le même ? Je suis certain que oui. Regarde : il se pose au même endroit qu’avant. Il aime les petites boules rouges de cette plante, je ne sais pas comment elle s’appelle. Il sautille sur le bord …

Aux quatre côtés de la table ronde

Je commence par une réponse vague, un peu mondaine, ridicule : « En pleine forme. » Je dis ridicule parce que ce constat est valable si je m’observe de très loin (ma vie dans les grandes lignes me passionne), certes, mais la vérité est plus nuancée si je m’attache au détail de ces derniers jours : « Pour être plus …

Pas mal en général

Je leur ai fait le coup d’Aurélien et Bérénice : l’un de mes tours préférées. Ils se sont engouffrés dans la brèche, ils ont puisé dans le précieux, ils ont écrit avec cœur. J’avais pourtant élargi le terrain de jeu jusqu’aux relations de voisinage, aux camaraderies de surface, à toute sorte de relation scolaire ou quasi-mondaine …

D’autres pierres nous attendent

Les fragments tiennent par des pièces de métal vissées au mur. La pierre n’est pas gravée profond, de loin elle paraît lisse, pour la fixer ils ont mis trois gros rivets en acier, on ne voit que ça. Il y a un tampon en mousse entre elle et le métal rouillé. Parfois il manque. Si …

Une infinité de films potentiels

Je découvrirai la vidéo en même temps que tout le monde. Il faut faire confiance. Le tournage a duré plusieurs heures (deux au moins) pour combien de rushes ? Une demi-heure. Sans doute davantage. Le clip final durera trois, quatre minutes maximum. Au montage, une infinité de films potentiels : garder une image, en virer une autre… …

J’ai bifurqué si loin de leurs yeux

Je reviens au lycée Condorcet de Saint-Maur-des-Fossés où j’ai travaillé l’an dernier, et je dis aux élèves (qu’on m’a promis choupis comme tout) : « Je ne suis pas ami avec vos profs. » Je n’ai pas l’intention de vexer quiconque : il s’agit d’expliquer que le CNL m’a mis en relation avec elles en 2021 dans le cadre …

Pas un ange, mais quasi

C’est un ange apparu sur le quai du RER à la station Gare-du-Nord, non pas pour m’indiquer la voie, mais pour me dire : « Tu es au bon endroit » — dans ta vie en général. Et en particulier, il me demande : « Vous êtes arrivé par quel moyen ? » Il s’agit d’une enquête sur la mobilité ; l’ange porte …

Je te baptise « beau » alors tu seras beau

Origny-le-Butin est comme le patelin par défaut, celui qu’aucune mythologie n’accompagne, celui qui apparaît quand on pense « un village lambda ». Il n’est pas juché en-haut d’un promontoire rocheux, il n’est pas battu par les vagues, il n’est pas baigné par le glouglou d’une rivière pittoresque. On n’y a pas découvert le squelette d’un humain préhistorique. …

L’intensité jamais ne déçoit

Il y a un cadre. S’il n’y avait pas de cadre, il n’y aurait rien dans le cadre. Logique. Ici, le cadre est matérialisé par les contours de la salle de classe (l’espace) et les cinquante-cinq minutes du cours (le temps). Devant les élèves, P. dit qu’il n’aime pas les horaires, la routine, les programmes …