De photons qui s’agitent fort

Je parle très exalté, je prononce des phrases définitives sur ma conception de l’écriture et de la vie en général, des formules séduisantes, un résumé de mon rapport aux choses et aux gens, comme s’il avait lentement mûri à la faveur d’une quête philosophique, mais en vérité c’est improvisé. C’est le genre de choses que …

La taille, oui, mais la durée compte aussi

De deux séductions, c’est celle du travail la plus forte : je décline une invitation à déjeuner, répondant que je suis à fond dedans, que je ne veux pas sortir du doux tunnel où je me suis engouffré moi-même. Ce n’est pas un prétexte pour éconduire l’ami, car je n’en ai pas besoin avec ceux qui …

Le vaisseau noir progresse dans le cosmos et étend son ombre sur le texte

Je suis désagréable quand je suis triste, c’est idiot car ça ne m’aide pas à me sentir mieux, au contraire, parce que je me sens nul d’avoir été désagréable. Le moment où j’ai peur de m’ennuyer : je vois arriver la chape d’ennui, elle avance doucement à travers le cosmos, comme un vaisseau menaçant et inéluctable, …

Avant que ça devienne laborieux

C’est laborieux, mais dans le bon sens du terme. Autrement dit : c’est du boulot. Et j’aime ce boulot. Pour écrire quelques lignes de fiction, j’ai besoin d’un temps infiniment plus long (et d’une concentration bien plus grande) que pour écrire un billet de ce journal, que je jette ici sans difficulté, sans trop y réfléchir. …

Il est question de plaisir, rien d’autre

Au début, l’idée n’était pas de s’embarquer dans un vrai projet d’édition. C’était juste un défi d’écriture. Et puis, surtout, l’envie de faire quelque chose avec Guillaume. Une histoire d’amitié, rien de plus. Et puis Alban est arrivé : un ami de Guillaume. L’amitié, encore. Ensuite, on a embarqué Laurent : on n’était pas vraiment amis, on …

Je ne saisissais pas les subtilités

J’ai seize ans. La prof de français nous fait travailler sur le thème de l’autobiographie. Elle propose, parmi d’autres livres, W ou le souvenir d’enfance, qui devient aussitôt ma porte d’entrée vers le monde fascinant de Georges Perec. Quelques semaines plus tard, je lis La disparition. Dans mon journal, j’écris mon enthousiasme – que dis-je : …

D’abord il y a le désir

J’ai lu cet article de Guillaume Vissac sur remue.net qui m’a complètement, c’est le cas de le dire, remué. Ce qui intéresse la littérature, c’est non seulement le désir, mais le désir contrarié, le désir impossible, non-réciproque, une attraction amoureuse mais bancale, déplacée, décentrée, inégale, impossible à accomplir pleinement. S’il y a symétrie, on ne se …

Ça devient concret

Déjà, quand Guillaume me disait à propos de mon manuscrit : « On y est presque », je pensais : « Oh, ça devient concret. » Et puis, on a vu la première mise en page du livre par Roxane. Je l’ai parcourue en me disant : « Ça devient vraiment concret », parce que je pouvais me rendre compte de la densité des …

Un vrai fantôme

Nouvelle lecture des Présents. Je relis ce passage : « Ce garçon radieux au pas leste, il apparaît dans la vie de Théo à certains moments de son existence, puis disparaît : Théo aime ce garçon, sa présence lui est indispensable. » Je coupe « à certains moments de son existence », qui est inutile. On a déjà compris : il n’apparaît …

Il ne rêve pas exactement de ce fantôme-là

Souvent, dans ses annotations, il me demande : « Utile ? » – et la réponse est dans la question. Je me rends à l’évidence : ce petit bout de phrase est superflu. Alors, je le coupe. Guillaume a l’œil pour dénicher les mots en trop. Plusieurs fois, en lisant ses commentaires, j’ai commencé par râler : « Il exagère, j’aime bien …