J’écris à John que nous passons la semaine sur « cette petite île au bout du monde, la lande sauvage, les côtes découpées, les rochers incroyables » — et lui m’envoie les paroles de cette chanson : « C’est presque au bout du monde / Ma barque vagabonde / Errant au gré de l’onde / M’y conduisit un …
Archives de l’étiquette : Rue des Batailles
On a « fait » quelque chose
D’autres sont anxieux à ma place, tandis que je reste libre d’y penser quand je veux, avec légèreté. Ils me demandent des nouvelles de mon manuscrit. Est-ce que j’ai reçu des réponses ? Oui, bof, non, pas trop, mais ça va : je dis que presque personne ne l’a lu pour l’instant, qu’il vivra sa vie sans …
Je me souviens de mes difficultés
Je traîne ma tristesse et J.-E. me traîne comme un boulet. Il me dit que non, je ne suis pas un boulet. Je réponds : « Je n’insiste pas, n’en parlons pas longtemps, je te signale juste que j’ai conscience d’être chiant, ne crois pas que je ne le sais pas. » Il pourrait m’abandonner à mon sort, …
Parfois tout est très facile
« Justement, tout est dans la manière de dire. Sur les passages que j’ai soulignés, ça fait un peu pantomime : Attention le méchant arrive ! Alors qu’à d’autres moments c’est bien moins gênant. » Il y aura des ajustements à faire, je sais que c’est une des principales difficultés avec ce texte : sa multitude de personnages. Quand j’en …
De photons qui s’agitent fort
Je parle très exalté, je prononce des phrases définitives sur ma conception de l’écriture et de la vie en général, des formules séduisantes, un résumé de mon rapport aux choses et aux gens, comme s’il avait lentement mûri à la faveur d’une quête philosophique, mais en vérité c’est improvisé. C’est le genre de choses que …
Rien ne prouve que ça s’est passé ici
Je sais qu’on va tomber sur le lycée, tout proche de la gare, j’ai déjà hâte. Son architecture de caserne, la placette devant l’entrée. « Et la statue en bronze d’un agronome avec sa charrue. » J’explique à J.-E. que Maurice contemple longtemps ce bonhomme vert, en silence, le jour où son oncle Camille est venu le …
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Pour de faux, mais pour de vrai
Il y a des gens qui connaissent Bordeaux. Moi, je connais la forêt du Bourgailh à Pessac, son caméléon géant en bois vernis, son Bike Park lunaire et son belvédère de dix-huit mètres qui offre une vue sur rien : le ciel blanc opaque. Je lis que le parc est aménagé sur une ancienne décharge (clin …
La taille, oui, mais la durée compte aussi
De deux séductions, c’est celle du travail la plus forte : je décline une invitation à déjeuner, répondant que je suis à fond dedans, que je ne veux pas sortir du doux tunnel où je me suis engouffré moi-même. Ce n’est pas un prétexte pour éconduire l’ami, car je n’en ai pas besoin avec ceux qui …
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J’explore, j’approfondis, je radote
J’avais vingt-et-un ans, c’était l’année des voyages : je n’avais rien demandé et la chose m’arrivait quand même. À l’époque, j’avais déjà compris que j’étais un petit gars chanceux, mais ce truc-là je ne l’avais pas vu venir : il y avait déjà ce départ en Pologne programmé, car dans mon école le séjour Erasmus était obligatoire …
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« Splendeurs et misères des couturières », ou « Le pari des Rabot »
J’avais envie de romanesque, voire de rocambolesque : quelque chose de feuilletonnant. J’ai été servi par Un conte de deux villes. Quand je l’ai fini, H. m’a dit : « J’adore les scènes d’auberge, et aussi la description du salon glacial d’un aristo français » — il m’impressionne, il connaît tout. C’est le seul livre de Dickens que j’ai …
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