Je ne reconnais pas le restaurant Voyenne. Sur quel côté de la place Voltaire se trouve-t-il ? Je le cherche dans mon annuaire téléphonique de 1930 : il n’existe plus (la photo, elle, date de 1918). Je connais un bâtiment un peu semblable au coin de l’avenue Parmentier (le rez-de-chaussée surélevé, les garde-corps en pierre). Je vérifie …
Archives de l’étiquette : les archives
Personne ne s’appelle Johnny
Le père du garde-barrière ne s’appelle pas Johnny. Il s’appelle François-Joseph-Marie : c’est écrit sur l’acte de naissance d’Yves, qui n’est pas encore garde-barrière et qui n’est pas encore le père de mon grand-père. Il est seulement un bébé, qui naît en 1884 à Saint-Pol-de-Léon. Sa mère s’appelle Anne. Personne ne s’appelle Johnny dans cette …
Ils portent le nom de ce qu’ils sont
Je suis comme Théo dans Les présents : j’aime que les lieux portent le nom de ce qu’ils sont, ou de ce qu’ils ont été. La rue de l’Ancienne-Voie-de-Chemin-de-Fer, ça me cause. Ce n’est pas subtil, mais ça dit que ce que ça veut dire : ici, autrefois, passait la ligne qui menait à Plougoulm et, au-delà, …
Continuer la lecture « Ils portent le nom de ce qu’ils sont »
Parce que je ne sais pas faire autrement
J’avais cru que je me contenterais de feuilleter ces carnets, j’étais curieux de les rouvrir, et c’est tout. Mais les semaines passent et je suis toujours plongé dedans. Ça me fascine : ce que j’écrivais à seize, à dix-sept ans. Je reprends au clavier ce journal manuscrit, presque sans le corriger : je retire les parasites, je …
Continuer la lecture « Parce que je ne sais pas faire autrement »
Otto avait quatre camarades
Je ne sais pas qui est Otto. Dans la douzaine de livrets (au-dessus du titre Soldbuch, un aigle avec la croix gammée), aucun des soldats ne s’appelle Otto. Il est difficile de déchiffrer les prénoms, mais manifestement ce n’est jamais Otto. Ces types sont nés en Ouzbékistan ou au Turkménistan et ils signent leur nom …
Tu t’appelais Jules, Napoléon, Prosper, et le nom de ton père
Ce n’était pas à Montauban, mais aux Archives de Paris : j’avais cherché cet homme dont on avait perdu la trace. J’en parlais ici, puis là. Je n’avais pas appris grand chose de plus.
Je pense à la maison manquante
« Quand tu entres par la cour, ici c’est le premier étage. Mais, nous, on dit que c’est le deuxième, parce qu’on entre par la rue d’en bas », m’explique D. en me montrant les beaux salons. Puis on visite les caves voûtées, on traverse cette fameuse rue, on fait le tour du cloître, on dit bonjour …
Si vous saviez écrire, je ne vous aurais pas fait cette observation
Le soldat Joseph Soubeirol est en garnison à Anvers (département des Deux-Nèthes). Son père doit lui envoyer vingt-quatre francs, on ne sait pas pourquoi. Anvers, c’est très loin de Montauban. J’ignore comment on envoie de l’argent par la poste en 1808, mais le négociant Mayniel-Lestiol, lui, connaît ces choses-là. Il se rend au bureau de …
Continuer la lecture « Si vous saviez écrire, je ne vous aurais pas fait cette observation »
On fait des efforts, chacun de notre côté
Un petit garçon pose une question, je l’entends mal, il est au fond de la classe. Alors il se lève, s’approche de la caméra. Il répète. Je l’entends mieux, mais je ne le vois pas très bien. L’image est brouillée. Si je le rencontrais dans la rue, une heure plus tard, je serais incapable de …
Continuer la lecture « On fait des efforts, chacun de notre côté »
On ne sait pas qui sont ces hommes
Cinq hommes sont au bord du Tarn. Il fait chaud, ils vont se tremper dans l’eau vive. L’un d’eux dit aux autres : « Asseyez-vous sur le muret, je prends une photo. » Il donne la pellicule à développer à Montauban. Au labo, le photographe tire les images en double, il garde un jeu pour lui. Soixante-dix-sept ans …