Quand j’ai écrit à propos de Grues, je n’étais pas certain de revenir bientôt dans la contrée de Luçon, dans le marais vendéen d’où surnage le monticule de Grues. La projection était abstraite : un fantasme (en littérature on appelle ça : une fiction). Soudain, c’est le printemps et la chimère devient doublement concrète : d’une part, mon voyage à Luçon qui se précise pour le mois de mai (la Semaine du livre), puisque j’ai reçu un message me demandant mes horaires de train préférés ; et d’autre part, le même jour, mon exemplaire de Papier Machine dans ma boîte aux lettres. Beau Papier Machine, chaque fois plus beau à mesure que passent les ans et les numéros, à supposer qu’une gradation soit possible dans les échelles de beauté — moi, quand je trouve quelqu’un beau, je ne le compare à personne : je l’admire tout entier, autant que j’admire les autres, si différents. On y trouve, bellement mis en pages, mon échantillon d’histoire locale — ma chronique toponymique — ma carte postale de Grues, canton de Luçon, altitude comprise entre un et quinze mètres — un récit intitulé Gallo-romance parce que j’y cause d’étymologie gallo-romane et d’amour — de quoi voulez-vous donc que je cause, si ce n’est d’amour ? Dans la présentation, les éditrices écrivent : « du cul — mais romancé » — on notera le recours au tiret, signe typographique que j’affectionne très fort — puisqu’on parle d’amour.
