J’ai écrit un poème (en vers libres). Ma (très) modeste contribution à l’art poétique.
Mon premier printemps
Ça y est, le soleil est arrivé
Ciel lumineux, douce chaleur
Les manteaux ont disparu, les pulls ont suivi
Les garçons arborent leurs manches courtes
Laissent deviner leur corps
C’est plus fort que moi, comment m’en empêcher ?
(Pourquoi m’en empêcher ?)
Je me retourne, je regarde, je me régale
Toute cette beauté, juste sous mes yeux
À ma portée, mais inaccessible
Comment font les filles pour supporter la vue des jolis garçons ?
Sont-elles de glace ?
Simplement, elles ont l’habitude
Moi, c’est mon premier printemps
Mon premier printemps depuis que je sais ce que je suis
À dix-sept ans, je m’éveille enfin !
Avant, rien
Le printemps m’était indifférent
Pourquoi l’aurais-je aimé ?
Les jupes des filles m’importaient peu
Et je ne savais pas aimer les manches courtes des garçons
Enfin, je m’éveille
À présent je sais et je me rattrape
C’est plus fort que moi
Je me retourne, je regarde, je me régale
Tous ces beaux corps sous mes yeux
Mais aucun n’est pour moi
Voilà, c’est naïf, j’espère ne pas vous avoir paru trop prétentieux. J’avais envie de l’écrire comme ça.
Aujourd’hui, c’est les vacances. Marie-Noëlle est venue, c’est l’amie de maman qui habite en Ardèche (on est allés chez elle cet été). Elles se connaissent depuis le lycée. On a été se promener tous les trois (maman, Marie-Noëlle et moi ; Juline n’était pas là) à Saint-Germain. Il faisait beau. Et il n’y avait pas que le temps qui était beau, si vous avez bien compris mon texte de tout à l’heure.
À l’Univers du livre j’ai commandé le premier volume du Journal de Fabrice Neaud. Je ne le connaissais pas avant cette semaine. J’en ai entendu parler sur un site Internet d’infos sur la BD, qui disait qu’il s’était fait virer d’une manifestation de BD à Viroflay par le maire homophobe, qui a censuré ses livres… Je me suis renseigné sur son Journal. Les dessins sont magnifiques. Les quelques cases que j’ai trouvées m’ont donné à voir une sensibilité incroyable. Ça ne doit pas être très gai, mais je veux le lire.
Je sais ce que vous pensez : « Tu vas encore lire le bouquin d’un homosexuel qui raconte sa vie. En plus, c’est un étudiant des beaux-arts, malheureux en amour, etc. Tu vas encore vouloir t’identifier. » Ben oui, et alors ? Je sais que c’est obsessionnel : ce n’est peut-être pas bien, mais je n’ai pas envie de m’en empêcher. Après tout, rien de plus normal que de vouloir lire des récits de le vie de gens qui nous ressemblent. Des récits qui nous concernent.
Au fond, je ne sais presque rien de ce Journal. Ce n’est peut-être pas le sujet principal. J’en reparlerai quand je l’aurai lu. Mais, ce jeudi, au CDI : je feuilletais Beaux-Arts Magazine et je suis tombé sur quoi ? Un reportage dessiné de Fabrice Neaud, de trois pages, sur une exposition. Ça pour une coïncidence ! C’est toujours comme ça : on voit quelque chose pour la première fois, et on le revoit partout dans les jours qui suivent. Les dessins de se reportage étaient vraiment superbes. Alors, quel que soit le sujet de son Journal, je pourrai toujours me régaler de ses dessins.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no4 (À la découverte de la vie normale, 13 avril – 6 juin 2005), j’ai dix-sept ans.