Mardi 8 mars 2005

Je suis bien accro ! C’est indescriptible. Je voudrais savoir si je suis le seul à penser ça, ou si je suis objectif : quand je vois B*, il n’y a pas photo : il est mieux que tous les autres, il dégage quelque chose de différent, il est tout à la fois, il est beau, c’est terrible. C’est idiot à dire, ça fait midinette, mais c’est sincère : je n’ai jamais vu mieux. Je ne comprends pas comme c’est possible qu’il soit seul.

J’aimerais être capable de le décrire ou, mieux, de le dessiner, mais je ne sais pas. À chaque fois que j’ai essayé, je n’ai pas pu. Comment m’y prendre ? Il n’a rien de caractéristique, c’est un ensemble très subtil.

J’aime l’observer. Il a des expressions qui me plaisent : un sourire, simplement, je trouve ça terrible. Et son regard. Quand je pense à des sourires ou des regards qu’il m’a adressés, je me sens tout drôle. Quand il manifeste son estime pour moi, ça me rend heureux a posteriori, quand j’y repense. Et quand je le vois silencieux, le visage triste, je suis triste aussi.

J’aime aussi sa manière de s’habiller. Assez classique, mais d’une classe folle ! Aujourd’hui, il était habillé exactement comme je l’avais imaginé, le matin même, en me disant que c’était ainsi que le préférais. Il avait son pull gris avec un col qui s’ouvre, comme le mien (le bleu) mais en mieux. Et un t-shirt rouge (j’aime bien le rouge) qui va bien avec son jean bleu. Et avec ses baskets rouges, quand il les porte – mais aujourd’hui c’était les noires, et je crois que je préfère encore.

Son corps est exactement comme j’aime. Musclé, mais juste comme il faut, vous voyez ? Pas le genre baraqué. Il est mince, et bien dessiné – oui, c’est ce que je trouve de mieux à dire : bien dessiné, tout comme il faut. En été, quand il ne porte qu’un t-shirt, les manches bien courtes, un peu moulant (mais pas franchement moulant non plus), c’est terrible. C’est dans ces moments-là que c’est dur de résister, tellement c’est agréable de le regarder… C’est dans ces moments-là que je sais que je suis pédé.

J’avais dit : je suis sûrement amoureux. Je le pense, parce que ça correspondrait à ma définition de l’amour. Je ne sais pas vraiment ce qu’est l’amour, mais voici ce que j’en ai compris. Il y a l’aspect sentimental, d’abord. J’ai envie d’être avec lui, je suis touché quand je le vois ému, je pense tout le temps à lui, je suis jaloux quand j’ai l’impression qu’il s’intéresse à une fille. Et il y a tout ce qui concerne l’amitié, que j’englobe aussi : la confiance, l’envie de lui raconter tout ce qui me touche. Et puis, je suis intimidé devant lui. Ensuite, il y a la dimension physique. Là, pas de doute : il m’attire physiquement. Quand je m’imagine avec lui, l’embrasser, voire plus (mais j’évite d’imaginer « plus », je trouve ça gênant vis-à-vis de lui, c’est un ami tout de même), eh bien ça me plaît. Ou plutôt : j’aime ça et, en même temps, il y a une autre sensation, indéfinissable… C’est plutôt positif, mais c’est compliqué. Je ne sais pas comment dire.

Quand il est venu à la maison, je lui ai posé la question à propos de M*. Il m’a dit que oui, elle le branchait bien il y a quelque temps, mais c’est fini. Quoi ? Mais c’est dingue, ça. Lui avait-il bien fait comprendre, au moins, de quoi il avait envie ? Ce n’est pas possible qu’elle ait pu le rejeter. Un mec comme lui. En plus, elle était en plein dans sa période « J’ai besoin d’affection » (comprenez : « J’ai envie de me faire un mec ») et elle est du genre entreprenante. C’est pas possible. Le mec idéal ne peut pas se faire jeter, je n’y crois pas. Bon. Toujours est-il qu’il a abandonné cette idée, m’a-t-il dit. Ce n’est pas pour me déplaire.

Remarquez, c’est con de ma part. Je sais que je n’ai aucune chance. Les mecs, ce n’est pas son truc. Il n’y peut rien, je ne lui en veux pas. Alors, pourquoi je voudrais le priver d’aller avec une nana, s’il en a envie ? C’est pas mon problème.

Je lui ai envoyé un Riri le Clown il y a quelques jours. Riri était dingue d’un beau type de sa connaissance, dont les filles étaient folles aussi. Seulement, le beau type ne voulait de personne. Alors, les filles se lamentaient : « Je suis moche, je suis conne, etc. » Riri, lui, se disait : « Je ne remets pas en question mes charmes. Ce clown est hétéro et je n’y peux rien. » Enfin, c’était dit d’une manière plus marrante. Et cryptée. Il ne fallait pas qu’il comprenne de qui je parle, mais seulement qu’il trouve ça marrant. Bien sûr, le beau type c’est lui, et Riri c’est moi. La fille qui se plaint, c’est S* par exemple. Elle était branchée sur B* au début de l’année, mais il n’y a rien eu à faire, alors elle n’a pas insisté. Elle n’est pas du tout le genre de B* – du point de vue de son état d’esprit, je veux dire, parce que physiquement je ne sais pas ce qu’il aime, et j’espère qu’il n’est pas le genre de type qui s’arrête à des modèles trop précis.

Je me rends compte que je viens d’écrire plus de cinq pages sur lui. Ce type est génial. Comment font les autres pour se comporter normalement en sa présence ? Comment ne sont-ils pas immédiatement subjugués, éblouis ? C’est incompréhensible.

Ou alors : peut-être n’est-il qu’un type banal, et je suis le seul à le voir comme ça. Dans ce cas, oui, je suis amoureux.

plus tard

Hier, Mathieu m’a dit qu’Étienne était moins sympathique et ouvert qu’il en avait l’air, et carrément homophobe. Le con ! S’il savait le temps que j’ai passé à le mater, en classe… pendant des heures entières. Ça m’est complètement passé.

Mathieu a une théorie sur les homophobes, assez proche de ce que je pense. D’après moi, l’homophobie est incompréhensible : pourquoi ne pas accepter l’homosexualité des autres, puisqu’elle ne vous concerne pas ? La seule raison, ce serait parce qu’on n’accepte pas la sienne. Je ne sais pas si c’est vrai ou si c’est un cliché, mais il paraît que les homophobes les plus virulents sont les refoulés… Les pauvres. Ceux qui sont au clair avec leur sexualité ne voient aucun inconvénient à celle des autres.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no3 (Finalement, c’est comme tout, on s’y habitue, 19 janvier – 15 mars 2005), j’ai dix-sept ans.

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