Et un de plus !
Aujourd’hui, je l’ai dit à Mathieu. Je n’avais rien préparé. Parce qu’il y en a marre, il faut que je cesse de me torturer l’esprit avec mes questions, il faut que je fasse les choses comme je les sens. Sinon, je me connais : je prépare, ça me prend la tête trois jours en avance ; puis, sur le coup, je n’ose pas ; et je m’en veux. Donc, voilà : pour Mathieu, j’y pensais certes, mais je me suis empêché de me faire un film trop précis.
Cet après-midi, j’avais deux heures de perm, puis la récré. J’ai passé la première au CDI avec S*. Puis elle est partie en cours : j’ai eu peur de me faire chier. Alors, je suis sorti et j’ai rejoint Mathieu en perm. Il était avec des gens, mais il s’est mis à papoter avec moi. Puis, on est sortis sous le préau. On a passé une heure là. Je me disais : « J’ai envie de le lui dire. » Ce qui est bien avec lui, c’est qu’il y a cinquante occasions par jour, car il est très branché sur le sujet.
La récré sonne. Je lui dis : « Ça te gêne si on va faire un tour dans la cour ? », histoire qu’on soit seuls. Et je me lance :
« Tu te souviens de la fois où tu voulais absolument connaître mon genre de fille ? Tu avais dit que, si je ne te répondais pas, tu finirais par croire que je suis pédé… Et maintenant, qu’est-ce que tu penses ?… Parce que, ça tombe bien, ça fait un moment que je me pose la question, et je crois bien que je le suis. »
Je lui ai demandé, surtout, de ne pas arrêter ses vannes. Qu’il continue de me faire marrer ! Qu’il ne se sente pas gêné. Il a très bien réagi, il n’est pas gêné du tout. On en a causé dix minutes. Il m’a dit que ça ne le surprenait pas, à cause de ce que j’ai déjà expliqué : mon manque d’enthousiasme quand il parle des nanas. Ce qui m’a plu, c’est qu’il s’est dit assez honoré que je lui fasse des confidences. Et puis, il m’a dit que, sans être bi pour autant, il reconnaissait « une grande part de féminité en lui »… ha ha !
Je disais donc : il faut que j’arrête de me prendre la tête. Je fais les choses sans me poser cent cinquante questions avant. Du coup, je vais peut être moins écrire ces temps-ci.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no3 (Finalement, c’est comme tout, on s’y habitue, 19 janvier – 15 mars 2005), j’ai dix-sept ans.