Dimanche 2 janvier 2005

Aujourd’hui, ça va plutôt bien. Hier, par contre, ça allait plutôt pas terrible. J’ai passé ma journée à ne rien faire. Déjà, je me suis levé tard, puisque la veille on avait attendu minuit, comme c’était le réveillon. Enfin, « réveillon », c’est vite dit. Allez, si : réveillon quand même. Donc, je me suis levé tard. Donc : quasiment pas de matinée. Puis, l’après-midi : motivé pour rien. Je me suis traîné. Je suis resté un bon moment avachi devant la télé (maman regardait un concert de Pagny en repassant). Il fallait que je travaille. J’avais une synthèse d’éco à faire. À 17h30, enfin, j’en ai trouvé le courage. Aujourd’hui, j’ai bossé l’histoire : j’ai tapé mes cours sur la décolonisation, ça aide bien pour réviser. On a une disserte mardi matin. Là, maman est chez mamie pour l’aider à faire du rangement ou du ménage. Juline travaille – c’est-à-dire qu’elle dessine, en l’occurence.

Moi aussi, je me suis remis à dessiner, hier, dans mon carnet bleu, auquel je n’avais pas touché depuis un mois. J’ai dessiné un personnage dont je suis content. Je l’ai fait avec un trait que je ne me connaissais pas encore, que je trouve plutôt élégant, un peu à la Pratt, dirais-je pour me vanter. Je trouve ça important, l’élégance, dans un dessin. C’est un qualificatif qui me plaît. J’ai fait un autre personnage, en couleurs uniquement, avec ma pseudo-aquarelle (des pastilles de peinture à l’eau que je traîne depuis toujours : la peinture qu’on donne aux gamins pour ne pas qu’ils salissent, vous voyez ?)

C* m’a appelé, il veut me brancher sur un nouveau super projet, une nouvelle idée parmi les cent cinquante mille qui lui viennent en une seconde. C’est une BD qui raconterait l’histoire de l’asso, ce serait présenté avec un CD. Ouais, on verra, mais ce serait bien.

Plus tard

Tiens, maman vient de rentrer. Elle dit que mamie a continué à dessiner avec les crayons aquarellables qu’elle lui avait donnés. Eh oui, mamie s’essaie au dessin. Apparemment, ce serait réussi, pour quelqu’un qui n’a jamais dessiné. Je suis sûr que ça l’intéresse. À chaque fois qu’elle vient ici, et que Juline et moi lui montrons nos dessins, ça lui plaît. C’est bien qu’elle essaie. Et puis, ça l’occupe. Ça ne doit pas être drôle d’être si souvent seule.

Hier soir, j’ai fini de lire Bandini de John Fante. C’est un très bon livre, et on a tous ses romans à la maison. Je pense que je lirai la suite un de ces jours, mais d’abord je vais lire le bouquin que j’ai pris à la bibliothèque : Gros-câlin d’Émile Ajar. Je l’ai emprunté parce que maman m’a parlé de l’affaire Romain Gary–Émile Ajar, ça m’a intéressé. J’ai lu aussi Souvenirs d’un pas grand-chose de Bukowski.

Vendredi, j’étais au Vésinet avec maman, et qui a-t-on croisé dans la rue ? La mère de William ! William était mon ami-pour-la-vie pendant toute l’école primaire, et jusqu’en cinquième ou quatrième, puis on s’est perdus de vue. Maintenant, je ne le connais plus. Sa mère m’a dit (je ne retranscris pas son accent américain) : « Ce serait bien que tu l’appelles, vous pourriez vous revoir ! » Maman est du même avis. Mais, moi, je n’oserai jamais. Je ne saurais pas quoi lui dire. S’il appelle, tant mieux, sinon tant pis.

Demain c’est la rentrée. Ça repart pour sept semaines. D’un côté, je suis plutôt impatient de revoir les copains. La routine va repartir, ce n’est pas plus mal. Ça m’occupera. Je vais recommencer à manger avec S*, B*, M* et compagnie. Je vais passer mes nombreuses heures de perm à glander au CDI – à m’ennuyer ou à refaire le monde, selon les cas. Les habitudes, quoi. D’un autre côté, j’appréhende tout ça. Je sais : je suis un mec compliqué, mais ce n’est pas nouveau. Je vais revoir du monde : du monde ! Et je sais que, quand mon moral ne va pas fort, il a tendance à aller encore moins fort quand je vois du monde. Plus il y a de gens, plus je me sens seul (non, ce n’est pas paradoxal : au contraire, c’est logique). Et puis, je vais revoir B*. Comment ça va se passer, avec ce qu’il sait maintenant, et avec ce que j’ai cru comprendre moi-même ? Et puis, Étienne. Mais lui, ça y est, je crois que je suis immunisé (remarquez, je préférais encore quand c’était lui). Et puis, revoir les profs. Le pire, c’est ***, le prof d’éco. Qu’est-ce qu’on se fait chier, dans ses cours ! Je n’avais encore jamais vu ça. À ce point, c’est incroyable.

Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no2 (Angoisse du doute, malaise de la certitude, 15 juillet 2004 – 17 janvier 2005), j’ai seize ans.

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