le jeudi 2 juin 2005
Nom : Crenn
Prénom : Antonin
Âge : dix-sept ans
Description physique : plutôt grand, plutôt mince ; physique agréable, mais qui pourrait être mieux (un peu trop maigrichon et mou à son goût, mais c’est de sa faute : il n’a qu’à se bouger)
Situation scolaire : Terminale ES. Passe son bac la semaine prochaine. Bon élève (souvent le premier). Il y a deux types de bons élèves : les bourreaux du travail et les dilettantes. Je suis du deuxième type.
Ce qu’il aime au lycée : la philo, parce qu’on peut penser, contrairement aux autres matières ; l’histoire, la géo, l’éco : pour comprendre comment marche le monde.
Ambitions scolaires : suivre des études d’arts appliqués.
Ambition professionnelle : faire de la bande dessinée. Galérer quelques années et être célèbre avant trente ans (voire vingt-cinq).
Sa sexualité : est homosexuel depuis un an, mais ce n’est pas interdit de changer. A fait son coming out aux personnes importantes. Pratiques sexuelles : pour l’instant solitaires, théoriques ou fantasmées.
Vie sentimentale : pense être amoureux pour la première fois, mais ça ne mènera à rien.
Caractéristiques psychologiques : tendance à trop analyser, prévoir, disséquer (et se bouffe la vie avec ça) ; tendance maniaco-dépressive (exaltation parfois, sensation d’être sur un petit nuage, puis déprime subite et profonde sans raison) ; vague complexe d’infériorité (s’imagine différent des autres, et que les autres ne s’intéressent pas à lui) ; vague complexe de supériorité (s’imagine être différent des autres, et n’avoir rien à faire avec ces gens-là).
Comportement social : quelques amis (une sûre, une qui le devient, un qui l’était, un qui aurait pu l’être, un dont j’aimerais qu’il le devienne) ; quelques copains et connaissances, mais peu. Pas doué pour les relations superficielles. Tendance à négliger le futile. Attitude vis-à-vis des amis : plutôt doué pour l’écoute. Parle facilement, mais pas de soi. Se force pour y arriver quand même, parce qu’il n’attend rien de mieux que de raconter sa vie. Attitude vis-à-vis des gens : tendance à s’isoler. Ne sait pas comment font les gens normaux.
Situation familiale : vit avec sa mère (relation proche, peu de conflits, comparés aux autres adolescents ; arrive à lui parler des choses importantes) et sa sœur (relations plus distantes, mais fortes). Son père est mort quand il avait neuf ans, et il lui manque. Il l’admire, et il aime quand on lui dit qu’il lui ressemble. Voit très peu le reste de sa famille. A des branches entières de cousins inconnus. N’aime pas l’idée qu’on pourrait aimer des gens sous prétexte qu’on a les mêmes gènes.
N’aime pas : le sport en général (le pratiquer ; le voir à la télé). Ne supporte pas : quasiment rien (pense être tolérant). Concernant les gens, ne déteste personne : au pire, les gens l’indiffèrent. Ne les fréquente que pour leurs bons côtés.
Sa couleur politique : de gauche, mais plus de gauche que ceux qui se disent l’être ; tendance écolo ; parfois vaguement anar, mais plutôt sage.
Les causes qui lui tiennent à cœur : la paix, l’égalité sociale, l’écologie (pour que la terre reste vivable dans vingt ans) ; l’égalité parfaite entre homosexuels et hétérosexuels (mariage, adoption) ; sûrement plein d’autres trucs qu’il oublie.
Les combats qui l’agacent : les gens qui préfèrent les animaux aux gens.
Comment il imagine son avenir :
Où il habitera : à la ville, car n’aime pas la campagne (c’est paumé, il n’y a rien à faire, il n’y a que des bestioles). Idéalement à Paris. Dans un appartement (jamais dans une maison). Dans un premier temps, pourquoi pas une vieille chambre pourrave sous les toits, minuscule et sombre, avec des bouquins partout, un matelas et de quoi dessiner.
Avec qui il vivra : se sera trouvé un mec super pour vivre avec (il croit au prince charmant, il est romantique). Il ne l’aura pas rencontré dans un bar gay ou quoi : ce sera une rencontre naturelle, de hasard.
Des enfants : pourquoi pas, mais après trente ans ? Ne sait pas comment il se débrouillera pour les avoir : problème de l’adoption (une fois grand, le gamin qui fait sa crise, comme ceux qu’on voit chez Delarue) ; problème de la coparentalité (quatre parents, c’est galère) ; il y a peut-être d’autres solutions, mais je ne vois pas.
N’aura pas d’animaux : c’est chiant, ça ne sert à rien. Le pire, c’est les chiens (c’est très con, un chien).
Une voiture ? Ne fantasme absolument pas sur les bagnoles. Ça pollue, ça coûte cher. Quoi de plus con qu’un automobiliste dans un embouteillage, qui avance moins vite qu’un piéton ? De toute façon, il habitera à Paris.
Pourquoi cette description méthodique ? Parce qu’il a essayé le questionnaire de Proust et qu’il n’a pas su répondre à toutes les questions, alors il préfère improviser cet interrogatoire.
Pourquoi parler de lui à la troisième personne ? Pour frimer, pour se donner un genre.
Au fait, pourquoi écrire tout ça ? Pour moi-même dans quelques années ; pour la postérité quand je serai célèbre ; pour tout le monde si je meurs demain (ou ce soir).
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no4 (À la découverte de la vie normale, 13 avril – 6 juin 2005), j’ai dix-sept ans.
L’un des jours du carnet que je préfère. Ce serait tellement chouette de comparer avec ce qu’écrirait le Antonin de 15 ans plus tard…
Aujourd’hui, j’écrirais presque la même chose ! Je suis content de voir que la vie que j’ai aujourd’hui ressemble beaucoup à celle que j’espérais à l’époque. À part la célébrité, tout est là 🙂
Charmant, vrai et si peu original. Mais qu est-ce-que l originalité, l individualité, ce qui fait de vous une personne unique ?
Vous avez trois heures.
Heureusement, je n’ai jamais été guidé par la quête de l’originalité 🙂 mais la sincérité, oui ! Merci pour votre lecture, Danièle.