Samedi 10 juillet 2004

J’ai été jeudi soir au cinéma Louis-Jouvet de Chatou, avec S* et Marion, sa copine du karaté que je ne connaissais pas, pour voir Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. On se prend ce film en pleine figure. On rit beaucoup, bien sûr, mais on rit jaune. On rit des conneries de Bush, le maître du monde, mais c’est terrifiant de voir qu’un type pareil a autant de pouvoir. Moore nous démontre ce qu’on savait déjà, c’est-à-dire que c’est un sale type, un terrifiant magouilleur. Tout son pouvoir est fondé sur le fric. On découvre les liens entre le clan Bush et le clan Ben Laden, et ça fait froid dans le dos. Et puis, il entreprend de nous expliquer ce qui pousse des pauvres bougres, comme ceux qu’on voit à la télé, à risquer leur vie en Irak. Ils ont dix-huit ou dix-neuf ans et voient dans l’armée le seul moyen de sortir de leur misère. À quel prix ? La salle était pleine, les gens ont applaudi à la fin du film. J’espère qu’il sera utile et que cette crapule ne sera pas réélue.

Mercredi 7, c’était le résultat des épreuves anticipées du bac. Pour les consulter sur Internet, il fallait payer, alors j’ai été sur le Minitel. Bien sûr, c’est très cher aussi. Et donc : mes notes. Je suis un peu déçu, sauf de l’oral de français : 17. Je trouve qu’une bonne note à l’oral est plus gratifiante qu’à l’écrit, parce que c’est vraiment moi qu’on a noté. À l’écrit, je n’ai eu que 13. Comme je l’ai déjà écrit ici, c’est vrai que mon devoir était bancal, je ne méritais pas plus, mais je suis déçu quand même. Je suis surtout déçu par les SVT : 13 aussi. Pourtant, j’ai trouvé ça si facile ! Moi qui ai toujours 17 en classe. En plus, d’après le corrigé trouvé sur Internet, j’avais écrit tout ce qu’il fallait. Je ne comprends pas, mais tant pis. S* a eu, dans le même ordre : 18, 11 et 15.

Lundi, mardi et mercredi, je suis resté enfermé à la maison et j’ai bossé comme un fou. N’allez pas croire que j’ai bossé, dans le sens : bosser. Non, non, non. Lundi après-midi, j’ai eu envie de me lancer dans une nouvelle BD. Je me suis dit que ce serait une BD au dessin rapide et au scénario un peu délirant, qui ferait beaucoup de pages. Je voulais qu’elle soit improvisée. Alors, j’ai commencé. J’ai pris une feuille A4 toute bête, j’ai tracé douze cases (quatre bandes de trois). Mon personnage se lève, prend son petit déjeuner, se lave, s’habille, sort de chez lui pour aller bosser… Que pourrais-je bien lui faire faire ?… Et puis, j’ai trouvé toutes mes idées. J’ai dessiné les quatre premières planches cet après-midi-là, puis six le lendemain et six mercredi. Soit seize planches abattues en trois jours ! Je suis fier de moi. Cette BD me fait marrer quand je la lis. Le résultat, c’est : Une journée dans la vie d’Anatole Lebrun : La rencontre avec Jean-Pierre.

Ce soir, on va chez R* et M*, je leur en donnerai un exemplaire. J’ai fait une couverture en couleurs (merci Photoshop) avec une feuille A3 pliée, et je glisse dedans les huit pages recto-verso.

J’ai lu son roman, à R*. Samedi, ils ont appelé pour nous inviter, et ça m’est revenu : « Zut, je n’ai pas lu son bouquin ! » Et je m’y suis mis. Mais je n’ai pas eu besoin de me forcer : j’ai adoré ! Il est passionnant. C’est très bien écrit – même s’il y a quelques fautes d’orthographe, mais ce n’est pas grave. Les personnages sont tous attachants et, preuve que c’est bien écrit, on les comprend, on s’identifie. On ne les juge pas, malgré ce qu’ils font. Et l’histoire est terrible : il s’en passe, des choses. Et la construction est originale : le personnage principal est dans le coma et on assiste à un dialogue avec son esprit. Il est entre la vie et la mort, il tente de se remémorer sa vie pour y retourner. Ce dialogue introduit et conclue chaque chapitre. Les chapitres relatent une semaine d’avril 56, dans la banlieue est de Paris, dans le quotidien de misère d’une bande de potes. Mais… à propos de ces événements… il y a quelque chose qui m’intrigue. Ce roman est censé être autobiographique. R* aurait vraiment vécu tout ça ? C’est sûrement un peu romancé, mais tout de même : les événements sont là. Sont-ils vrais ? Ça va très loin : il a des meurtres, à la fin ! Il faudra que je le lui demande. Mais, apparemment, il n’aime pas du tout qu’on lui parle de ce qu’il écrit.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no1 (« Journal, 14 août 2003 – 15 juillet 2004 »), j’ai quinze et seize ans.

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