Quand on descend en ville depuis la gare, le premier grand hôtel qu’on trouve au bord de la route est abandonné depuis belle lurette : une piscine, vide, est le repaire de gigantesques plantes farouches, qui poussent à même le béton. C’est beau.
Mais, ensuite, Lourdes ce n’est plus du tout comme ça. C’est plus sage. C’est même, par moment, franchement toc. La grande basilique plantée au-dessus de la grotte (avec des mosaïques pseudo-byzantines), Guillaume trouve qu’elle aurait sa place dans un jeu vidéo, ou dans le Seigneur des anneaux. On tourne de cent quatre-vingts degrés et, devant ces autres bâtiments, il dit : « on se croirait en banlieue parisienne » (et c’est vrai que ça a un genre des Étoiles d’Ivry ou de Saint-Denis, en moins bien). Mais, en vrai, le monument qui vaut vraiment le coup à Lourdes, c’est la basilique souterraine. À condition d’aimer le brutalisme, bien sûr (et j’aime ça, moi).
Impressionnant, de trouver cette chose immense, enfouie au bord de la rivière. On n’est pas loin du surnaturel.
Tout autour de la ville, c’est la montagne. Je dis au patron de l’hôtel combien j’aime la vue depuis ma fenêtre et, pour la lui décrire (lui rappelant laquelle est ma chambre, et vers où elle est orientée), je lui dis que je vois la montagne au loin et, devant, le cimetière. Alors, il croit que je me moque — comment lui expliquer que ça ne me déplaît pas, à moi, le cimetière (sans passer pour un tordu) ? Le mieux est de changer de sujet. Le truc incroyable, c’est qu’il a lu les livres de Guillaume, même ceux qu’il a écrits il y a dix ans. On ne tombe pas tous les jours dans un hôtel pareil.
Mais, la chose vraiment impressionnante, surnaturelle, incroyable, elle arrive le soir. À la librairie Le Square. Les lecteurs, les lectrices sont là, invités par Julie et Stéphane. On parle de nos livres. Avec intérêt, avec enthousiasme. Une dame nous dit, à Guillaume en même temps qu’à moi, combien elle a été émue par nos livres. À moi, elle dit comme L’épaisseur du trait a été une lecture importante pour elle. Et moi, qui ai tellement l’impression, dans ce livre, de n’avoir parlé que de mes sentiments, que des petits choses qui tournent dans ma petite tête, je trouve magique de rencontrer cette femme qui s’est sentie concernée par mes mots, mes phrases. Elle a parlé de « douceur », de « délicatesse ». Souvent, je fais le malin, quand j’écris sur le blog, mais là, ce soir, je vous le dis sincèrement, les yeux dans les yeux. Je suis tout nu, j’arrête de frimer. Je ne fais pas le modeste, je vous le dis comme je le ressens : à la librairie, tout à l’heure, j’étais très ému. J’ai eu envie d’y croire, et de faire confiance à cette dame : parce que ce qu’elle m’a dit, finalement, c’est que j’ai réussi à écrire quelque chose qui me dépasse, qui est un peu plus grand que moi. De la littérature, quoi. Et c’est beau d’entendre ça.
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