Vendredi 24 juin 2005

Je n’ai pas envie d’écrire ce qui s’est passé hier. Je résume donc.

Moi. — La dernière fois, c’est moi qui avais quelque chose à te dire. Toi, tu ne m’as rien dit. J’aurais voulu que tu me dises une chose que tu n’as pas pris la peine de me dire, tellement ça te semblait évident. Je voudrais que tu le dises quand même, c’est important pour moi.
Lui. — Qu’est-ce que tu veux que je te dise ?
Moi. — Que je n’ai rien à espérer.
Lui. — Alors voilà : tu n’as rien à espérer. C’est tout ?
Moi. — C’est tout.

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Jeudi 23 juin 2005

13h47. Je tourne en rond. Je me prépare physiquement et mentalement. Je me suis changé. J’ai passé pas mal de temps dans la salle de bains, pire qu’une fille !

Après le déjeuner avec S*, on s’est séparés en se souhaitant mutuellement bonne chance : nous avons chacun notre rendez-vous.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no5 (intitulé B*, 8 juin – 1er août 2005), j’ai dix-sept ans.

Mercredi 22 juin 2005

Hier, c’était la Fête de la musique. Juline est allée à Paris avec sa bande. Maman et moi sommes allés à Saint-Germain, comme on l’a déjà fait quelquefois. On a mangé à la pizzeria, puis on a traîné dans les rues. On s’est attardés devant plusieurs groupes.

J’ai croisé pas mal de têtes connues : des gens du lycée. Adeline avec son copain (qui s’appelle Kevin). Elle nous as présentés. Moi, je le connaissais déjà, tellement elle m’a parlé de lui ! et je l’avais aperçu une fois. Et j’ai aperçu mon beau blond ! C’est dingue. Je sais qu’il est un peu musicien ; une fois, au lycée, il a joué de la guitare. Je me disais : tiens, peut-être le verrai-je… et je l’ai vu. Je lui ai décoché mon plus beau sourire. À part lui, il y avait une foule de beaux gars, partout. Plein de jeunes mecs, tous vachement bien foutus. Je ne savais plus où regarder, j’ai dû en louper plein.

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Mardi 21 juin 2005

Je me suis collé devant l’ordinateur. J’ai imprimé le Riri le Clown de vendredi : je le mets page suivante. J’ai tapé les scénarios de G (« Gratis ») et de T (« Tatouer ») et fait une quatrième version de A (« Arcade ») qui me posait problème. Et je me suis promené sur Internet. Je suis retourné sur le forum Doctissimo sur l’homosexualité, où je n’avais plus mis les pieds depuis des mois. Je me suis attardé sur un sujet en particulier, où le mec racontait que son meilleur ami essayait, non sans mal, de lui faire son coming out… et avait l’air amoureux de lui. Or, le mec disait qu’il se sentait attiré par son ami, lui aussi… Ce mec écrivait bien, je me suis laissé prendre par son histoire et par les conseils des autres. Ces deux garçons qui se cherchent l’un l’autre et qui, pourtant, sont visiblement amoureux : quelle belle histoire ! Je suis sentimental et je ne peux pas m’empêcher de rêver à B*.

Plus le temps passe, plus mon espoir grandit. J’ai l’impression désormais que quelque chose est possible, même si, rationnellement, tout me prouve que non. Il faut que je le revoie et, cette fois-ci, que je lui rentre dedans franchement. Que je le secoue. Que je lui pose les bonnes questions. Sinon, je ne m’en sortirai jamais. Je suis affreusement timide, mais il est pire.

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Lundi 20 juin 2005

11 heures : retrouve S*. On passe une heure dehors malgré la chaleur. Lui ai parlé de B*. À midi, on a été manger.

Après-midi : ai été au cinoche (Chatou) voir Les poupées russes. Y ai été en RER. Ai retrouvé sur place S*, Solène et Marion (une copine de S* que j’avais déjà vue deux fois).


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no5 (intitulé B*, 8 juin – 1er août 2005), j’ai dix-sept ans.

Dimanche 19 juin 2005

Ce matin, brocante de Marly. J’ai acheté des merveilles : Clopinettes de Gotlib et Mandryka, Rubrique-à-brac Gallery, un Reiser, un Lauzier, trois Petit Nicolas, Persepolis tome 1, une vingtaine de vieux Fluide. J’ai dépensé trente-trois euros, je crois. C’est beaucoup, mais c’est peu pour tout ça.

Il fait une chaleur atroce. Il est même impensable d’ouvrir une fenêtre, cet après-midi.

J’ai eu une crise de rangement. J’ai bazardé des kilos de vieux papiers. Par exemple, des cours de seconde, que je gardais au cas où. J’ai libéré de l’espace. Et puis, j’ai rangé mon bureau autrement, j’ai mis les trucs à de nouvelles places.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no5 (intitulé B*, 8 juin – 1er août 2005), j’ai dix-sept ans.

Samedi 18 juin 2005

J’oubliais : hier, je ne lui ai pas donné la lettre. Ce n’était pas utile. Une lettre, c’est écrit, c’est figé. C’est trop solennel. Cette lettre, en fait, je crois que je l’avais écrite pour moi-même. Pour donner une forme concrète à ma décision.

Cette nuit, je n’ai même pas rêvé de lui. J’ai rêvé que j’avais déjà les résultats du bac. J’avais la mention très bien. J’étais un peu surpris, mais ça m’a fait plaisir.

J’ai aussi fait un rêve un peu pédé. Je discutais avec Nicolas, un mec de ma classe plutôt pas mal. Il a eu des gestes familiers avec moi, il a joué au pédé (il me faisait la bise, il se tenait contre moi) pour rigoler : il ne savait pas que je l’étais. Je l’ai fait parler sur le sujet : il m’a dit qu’il trouvait ça choquant, l’homosexualité.

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Vendredi 17 juin 2005

Aujourd’hui a été un grand jour.

Nous n’avons pas déjeuné ensemble, B* et moi. J’étais avec S* et Lisa, qui m’avaient attendu (je suis sorti à 12 h 15) et, lui, il était avec d’autres amis. Quand nous sommes sortis de la cantine, il était là. Il m’attendait. S* nous a laissés, Lisa est partie. B* m’a dit : « Tu n’avais pas quelque chose à me montrer, toi ? » Je lui ai répondu que non, que j’avais plutôt quelque chose à lui dire. Je lui ai dit que je voulais qu’on fasse un tour ensemble, que je lui parlerais en marchant. Et je lui ai dit ce que j’avais à lui dire. Sur le moment, c’était difficile de réaliser la portée de ce que je disais. Je sentais que j’étais en train de faire quelque chose de fou, mais confusément, pas distinctement. Le moment précis où j’ai dit « Je ne sais pas si c’est vraiment ça, être amoureux, mais je crois que oui » m’a bouleversé : lorsque j’ai prononcé le mot « amoureux », j’ai senti un pincement dans ma poitrine, et une sensation fugace dans tout mon corps. Je ne sais pas comment la décrire, c’était très troublant. J’ai réussi à lui parler normalement, en essayant d’être léger. Je l’ai fait sourire. Il a été adorable. J’ai essayé de le faire parler de lui, un petit peu. C’était comme irréel. Nous avons dû discuter dix ou quinze minutes. En fait, il m’a raccompagné jusqu’à la maison. Il a été formidable. On s’est séparés. Je lui ai serré la main (que j’aie droit au moins à ce contact physique !) Je me suis senti plus léger, un peu, mais pas encore vraiment. J’ai mis un peu de temps à réaliser. Puis, ça y est : j’étais sur mon petit nuage.

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Jeudi 16 juin 2005

Maths : d’une facilité affligeante. Même les nuls ont l’impression d’avoir réussi. Anglais : sujet classique. Bof.

À midi, trois heures de pause. Je n’ai pas parlé à B*. Je ne supportais même pas de le voir. Ça me rendait malade. J’étais très mal. J’ai beaucoup discuté avec Adeline. Je lui ai tout raconté. Ensuite, ça allait mieux.

Après l’anglais, j’ai réussi à passer cinq ou dix minutes presque normales avec B*. Je progresse ! Mais je ne lui ai pas dit ce que je voulais lui dire.

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Mercredi 15 juin 2005

J’ai eu beaucoup de mal à m’endormir. Je me suis couché vers 23 heures (après avoir revu L’auberge espagnole) et j’ai tourné dans mon lit pendant deux heures sans trouver le sommeil. Je pensais à B*, mais aussi au bac et à des tas de trucs. En plus, il faisait très chaud.

Je ne sais pas pourquoi j’étais surexcité ce matin, euphorique. Une pêche ! J’ai choisi le sujet d’histoire sur « l’Europe dans la Guerre froide » et, en géo, « l’Asie orientale ». Ça ne m’a pas semblé difficile. À la sortie, j’ai causé quelques minutes avec Benoît, pour la première fois depuis des siècles. Quand tout le monde est sorti, on a été manger, S*, B*, M* et moi. J’ai attendu de voir si B* se déciderait à me parler… et il ne l’a pas fait. Rien de surprenant : c’est parce qu’il est « intimidé » par moi, ha ha ! À la fin, alors que j’étais avec S* et lui, S* a dit : « Bon, je vous laisse, je vais rentrer. » C’était un traquenard pour nous laisser seuls. Pas question ! J’ai dit : « Je rentre avec toi », et on a quitté B*. S* m’a un peu engueulé. Elle ne me comprend pas. Moi non plus.

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