Mardi 31 mai 2005

Les cours sont terminés. Je n’aime pas le dernier jour de l’année. Ça me fait toujours quelque chose de savoir que je ne reverrai plus les gens. Je quitte le lycée et, avec lui, tous mes professeurs et l’immense majorité des élèves. Il n’y en a pas beaucoup que je reverrai.

Parmi les profs, c’est surtout M. L* que je suis triste de quitter, parce que lui, quel type formidable ! Ce matin encore, dans son cours, on a bien rigolé. On n’était que douze et il nous a raconté des souvenirs de régiment, sur ce ton dont il est le spécialiste : « Bon, je vais m’arrêter là… c’est dommage, car j’ai encore des anecdotes formidables, mais il faut bien qu’on travaille… » Il n’attend qu’une chose : qu’on lui demande de continuer (on est bon public).

Certains Terminale ont fait la fête au lycée. Le matin, c’était rigolo, il y a eu de la trompette. Puis ça a dégénéré : bataille de bombes à eau, boules puantes, pétards… quelques dégradations. Et de l’alcool. Alors la proviseure a fermé le lycée à l’heure du déjeuner, et on n’a pas eu cours l’après-midi. On devait terminer le dernier chapitre de spé éco… Je n’aime pas cet imprévu – déjà que je n’aime pas le dernier jour…

Je suis rentré à la maison, un peu désœuvré (je ne devrais pas me trouver désœuvré, à quelques jours du bac…) J’ai glandouillé. J’ai traîné sur Internet. J’ai écouté sur le site de France Inter l’émission de ce midi avec Manu Larcenet. Il n’a causé que quelques minutes, mais bon, c’est mon auteur préféré.

J’ai travaillé un peu. J’ai révisé deux textes d’espagnol.

J’ai reçu Le guide de l’informatique. C’est mon cadeau de réabonnement à Fluide Glacial. J’ai lu quelques pages, je me suis déjà bien fendu la gueule.

On a reçu de la part de G* et T* les deux photos du mariage sur lesquelles on a posé. Je me plais bien, dessus, j’aime mon allure avec cette veste.

Cette nuit, j’ai fait un rêve troublant. C’était le soir (ou la nuit) dans ma chambre. J’étais seul avec Mathieu. Je ne sais plus comment ça a commencé, mais on s’est rapprochés petit à petit, on s’est mis à se caresser. Il m’a dit qu’il allait me faire une fellation pour me faire plaisir (je ne crois pas qu’il en avait vraiment envie) et, en quelque sorte, pour « m’apprendre la vie ». J’étais mal à l’aise, mais on a fait ce qu’il avait dit. Ça a été très rapide, décevant. Ce n’était pas désagréable, mais pas le pied non plus. À mon avis, il n’avait jamais fait ça. Toujours est-il que le lendemain matin, tout était comme d’habitude, comme si de rien n’était. Moi, j’avais envie de le sucer à mon tour, mais je n’osais pas le lui dire. C’est nul comme rêve. Je ne fais jamais de rêves érotiques, c’est dommage. Alors, pour une fois qu’il y a du sexe dans un de mes rêves, c’est foireux.

En tout cas, c’était un rêve franchement pédé, hein, pas de doute. Ce n’est plus rare. Comment ça se fait ? Est-ce une manifestation de mon inconscient, qui révèle ce que je suis, c’est-à-dire un pédé ? Ou bien, est-ce le reflet de mes pensées conscientes, des obsessions de ma journée que je continue de ressasser dans mon sommeil ? Et pourquoi est-ce que je ne fais jamais de rêve érotique ? Peut-être parce qu’il n’est pas possible d’imaginer quelque chose qu’on ne connaît pas ? Peut-on faire l’amour dans ses rêves, en éprouvant des sensations qu’on a jamais connues dans la réalité ?

Au fait, c’est Villepin le premier ministre. (Le changement de sujet est un peu brusque, mais j’avoue que je n’ai pas trouvé comment faire la transition entre les rêves érotiques et les remaniements ministériels).


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no4 (À la découverte de la vie normale, 13 avril – 6 juin 2005), j’ai dix-sept ans.

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