Un dimanche tranquille. Il faisait beau. J’ai glandouillé. J’ai vaguement dessiné Anatole. J’ai lu un peu : le Journal d’un inconnu de Cocteau. Comme ce n’est pas un roman, je me suis permis de commencer un autre bouquin en même temps : Moins que zéro de Bret Easton Ellis, l’auteur des Lois de l’attraction. C’est encore une histoire d’étudiants américains, fils à papa, qui se font chier, qui se traînent d’une soirée à l’autre, qui vont mal, qui se droguent. C’est décadent, c’est sexe, drogue et rock’n’roll. C’est passionnant et effrayant : la jeunesse qui se fout en l’air. Le style est tout simple, droit au but, souvent drôle.
Hier, lundi, maman travaillait. Avec Juline, on a fait du shopping, hu hu. On a été aux Halles. Elle m’a forcé à prendre des fringues que je n’aurais jamais choisies, et elle a eu raison. Je suis d’un classicisme terrible : ce n’est plus de la sobriété, c’est carrément insignifiant. Dès qu’il y a un truc, un motif, je me dis que ce n’est pas pour moi, que ça ne m’ira pas. Finalement, j’ai deux t-shirt sympas (mais pas trop fantaisistes non plus) et une chemise. Je n’ai pas trouvé le pantalon que je voulais.
Aujourd’hui, on était seuls aussi. J’ai regardé le film Orphée que j’avais enregistré. C’est fascinant. Tout ce que fait Cocteau est immédiatement reconnaissable. Il y a une atmosphère très étonnante dans ce film. Et les trucages, j’adore ! Les mouvements en marche arrière, par exemple, créent un rythme vraiment surprenant. Comme dans La belle et la bête : tout est dans cette ambiance si particulière. On est forcément piégé, on est obligé de le regarder jusqu’au bout.
Son livre que je lis en ce moment, ce sont des pensées, des réflexions. C’est souvent fondé sur des petites anecdotes et, à la fois, c’est très profond. Je ne l’ai pas fini, mais j’ai déjà lu la partie « D’une conduite », vers la fin : sur six pages, une succession de maximes, de préceptes, d’aphorismes pour définir une morale, une ligne de conduite. C’est génial. Tout me parle, me correspond parfaitement. J’aimerais les suivre. Il n’y a aucune de ces phrases que je rejèterais. Une seule me laisse perplexe : la première. « Le matin ne pas se raser les antennes. » Ça m’a fait rigoler. J’ai d’abord supposé que ce n’était qu’un bon mot, mais ce serait surprenant que ce ne soit que ça. Il y a forcément un sens. Je vais y réfléchir.
À l’Univers de livre, ils n’ont toujours pas reçu ma commande : le Journal de Fabrice Neaud. Ça a foiré, ils ont relancé la commande aujourd’hui. Je devrais l’avoir dans une semaine.
Juline est partie en fin d’après-midi pour rejoindre son copain. Ils vont passer deux jours ensemble. C’est super. Elle en a, de la chance. Il s’appelle ***. Oui, c’est vrai, au fait : je n’en parle jamais. Avant, elle était avec ***, ça a duré presque un an, je crois. Maintenant, elle est donc avec ***. C’est un mec qu’elle a rencontré cet été, avec ses copines, en vacances à Torreilles (c’est à côté de Perpignan). Il habite près de Créteil. C’est rare, de continuer à voir ses amis de vacances… Depuis peu, ils ne sont plus seulement amis. Il est venu ici, une fois. Il m’a l’air très bien. Le mec cool, à l’aise, sympa, plutôt beau gosse en plus. Le genre qui joue de la guitare sur la plage, vous voyez ?
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no4 (À la découverte de la vie normale, 13 avril – 6 juin 2005), j’ai dix-sept ans.