Rendez-vous à 9 heures avec Judicaël à l’atelier Gustave, l’endroit où elle expose. On va l’aider à mettre en place ses toiles, dessins et gravures pour le vernissage qui a lieu demain soir. Il y a là Étienne, Adrien, Flore, Camille, Morgane et moi. Et Johann, un ancien élève de Judicaël dont elle est très proche, et qui l’a déjà beaucoup aidée.
On voit défiler plein de gens chouettes, notamment Mme Germain la galeriste, sympa et efficace. Et tous ces gens dont Judicaël nous parle, et pour lesquels je peux enfin associer un nom et un visage : son (ex-)mari, ses fils, Gérard T*, son frère qui vient de Suisse. Le midi, elle nous invite dans une brasserie excellente. La « tarte fine avec sa boule de glace » est mémorable.
Ce n’est pas facile d’avoir une opinion sur l’agencement des œuvres. Pourquoi celle-ci ici, et celle-là là ? Pourquoi pas le contraire ? Johann est très bon pour ça, il a des avis pertinents, il s’investit à fond.
Pour être utiles, Flore, Morgane et moi allons au BHV acheter quelques trucs manquants, notamment des plaques de bois / de médium pour supporter les petites encres encadrées.
Je suis content de participer à cette expo. J’aime le résultat. S’il est vrai que j’aime beaucoup ses dessins et gravures, j’avoue que j’étais plus réservé pour ses peintures parce que je ne les avais jamais vues en vrai. C’est très torturé, avec beaucoup de matière, sombre. De les voir exposées ainsi, elle me plaisent.
Quand je rentre à la maison, ça se passe assez mal. Hier soir, maman m’avait envoyé un texto vers 22 heures, et je ne l’ai vu qu’à 2 heures (ce que je ne m’explique pas ; peut-être que ça ne captait pas dans le bar ?) et donc, elle s’est inquiétée pendant tout ce temps où je ne lui donnais pas de nouvelles. Elle m’en veut de ne pas l’avoir prévenue que je sortais dans un bar, parce qu’elle croyait que je passais la soirée chez Morgane. Je comprends ce qu’elle me dit. Mais, sur le moment, je ne pense pas à tout ça. Souvent, je m’aperçois après coup que je n’ai pas fait ce que je devais faire.
Ce soir, je dois imprimer pour Judicaël les feuilles où sont notés les titres et les prix des tableaux. Johann m’appelle sur mon portable pour modifier certains trucs. Johann est cool. Et il est gay.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no8 (intitulé Croissance exponentielle, 19 mars – 23 juin 2006), j’ai dix-huit ans.