Mardi 6 juin 2006

06/06/06

Une journée comme ça, j’en veux plus souvent !

Je me lève tard : il faut que je dorme, parce qu’on a prévu de sortir ce soir, après le vernissage. Peut-être même qu’on irait au Queen : c’est une idée de Morgane, qui connaît déjà ; ça intéresse Flore et Camille aussi ; j’ai dit : « Pourquoi pas. » Il faut bien essayer. Après ça, au moins, je pourrai dire : « Je connais. » Peut-être même que j’y rencontrerai des mecs sympas.

Je repasse ma nouvelle chemise pour être beau ce soir. J’arrive à l’atelier Gustave vers 17h30, le vernissage est à 19 heures. Nous mettons dans la glace les trente bouteilles de champagne. Nous préparons les petits fours (ça vient de chez Le Nôtre…). Il y a beaucoup de monde, c’est chouette. Il y a des profs, Mme Smadja, M. Viot, M. Cazalis, le proviseur et la proviseure adjointe… Nous faisons le service : allers-retours incessants entre le buffet et la cuisine pour changer les verres et resservir du champagne…

Ça me plaît de faire le service. Mais tout de même, après une heure et demie ou deux heures, j’arrête. Je vais dans la cour, je rejoins Étienne et Adrien qui causent à un certain J*-E*. Son visage me dit quelque chose, je suis sûr de le connaître — je pense que c’est un étudiant de l’école. Pourtant, non. Et bizarrement, lui aussi, il dit connaître mon visage… Nous discutons tous les deux, il est cool, le courant passe tout de suite — ce qui n’est pas acquis d’avance avec moi, qui suis souvent timide avec les inconnus. Avec lui, je suis bavard. Je lui parle de mes BD. Il me dit qu’il aimerait les voir. Je lui demande son adresse mail, je lui dis de l’écrire dans mon carnet, et il m’écrit aussi son adresse postale et son numéro de téléphone… et il me demande le mien. Tiens, tiens… À un moment, il me dit qu’il y a « de l’humour dans mon regard ». Ça me plaît.

Finalement, pas besoin d’aller au Queen ce soir pour faire des rencontres. Il y a beaucoup de clichés sur les gays. Certains sont des clubbers fans de Madonna qui portent des ceintures arc-en-ciel — ce sont les rares que j’ai rencontrés jusqu’ici. D’autres sont des intellos plus ou moins artistes qui traînent dans les expos, ou des écrivains-poètes comme ceux que je vois dans les livres d’Edmund White. Cliché pour cliché, c’est plutôt ces derniers que je veux rencontrer.

Je parle aussi avec un certain T*, qui est, comme J*-E*, un ami de Johann. Il est sculpteur ; et encadreur à Beaubourg. Il a des théories poético-philosophiques sur tout et il me dit qu’il a « besoin d’érotisme » dans son travail. Un personnage chouette. Je fais aussi connaissance avec B*, une ancienne prof de Duperré et amie de Judicaël, qui a un peu forcé sur le champagne et qui me plaît beaucoup.

C’est avec tous ces gens-là que nous nous dirigeons vers le métro à la fin de la soirée, vers minuit. Avec les copains, on décide d’aller simplement au Piano Vache. Il y a Flore, Morgane, Camille G*, Étienne, Adrien et Élodie (une amie d’Étienne avec qui j’avais dîné au Japonais l’autre soir). Camille B* est repartie.

À la fermeture du bar à 2 heures, Flore, Morgane, Camille et moi allons chez R*, le copain de Flore. Chez lui, ça fait 12 m2 et ils sont déjà trois. Nous sommes donc sept, et nous jouons aux cartes. On instaure un principe de gages à la con pour les perdants, qui consistent le plus souvent à ingurgiter des mixtures improbables — à base d’huile, de vinaigre, de sirop, de ciboulette, de moutarde et de bouffe pour les poissons. C’est dégueulasse, mais ça passe. On s’amuse bien. Et, l’air de rien, il est 6 heures. Je me dis alors que ce n’est plus la peine d’aller dormir chez Morgane : autant rentrer chez moi directement.

Je prends le RER et je me couche vers 7 heures et demie, ravi de cette soirée, une soirée comme je n’aurais pas cru pouvoir en passer il y a encore peu de temps, ne serait-ce qu’il y a deux semaines.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no8 (intitulé Croissance exponentielle, 19 mars – 23 juin 2006), j’ai dix-huit ans.

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1 commentaire

  1. L’apparition de J.-E. ! Une rencontre racontée ici comme une sorte d’évidence. C’est plaisant de découvrir la petite étincelle, celle qui fera bientôt qu’ ol y aura de l’amour dans ce regard.

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