Je suis admis à Duperré ! Youpi ! C’est génial ! Je suis heureux à un point, c’est dingue.
On pourrait dire que la journée d’aujourd’hui commence désagréablement, puis finit très bien. J’ai commencé par le bac de sport. J’ai été mauvais. Je veux dire : plus encore que d’habitude. Bon. C’était fini à 9h30. Je suis rentré à la maison, puis revenu au lycée pour la récré de 10h30, parce que je voulais voir Florian et lui proposer qu’on mange ensemble ce midi, tous les deux. Mais quand je l’ai vu, je ne le lui ai pas demandé, parce qu’il avait fini les cours, il rentrait chez lui pour reprendre à 16 heures. Je m’en suis voulu. Je me suis déçu. Tout était si bien rôdé dans ma tête ! Il me restait donc une heure à tuer avant de déjeuner avec S*, Adeline, etc. J’ai été en perm, j’ai expliqué un cours d’éco à Laure, une fille de première. D’où : lien social. Pas seul. Et donc : pas déprime. Puis, on a bien rigolé à midi. Puis, encore une heure à tuer. Je l’ai passée avec Mathieu, puis Mathieu encore mais avec B* (qui venait de passer un oral pour une école de commerce). Mathieu n’a fait que causer de sexe. De ses expériences, et de ce que ses copines lui racontent. Il est intarissable sur le sujet. Et ça m’a causé une impression désagréable de le voir parler de ça avec B* : je n’arrive pas à réaliser que B* est un mec comme les autres. Mais on a bien rigolé. Vous voyez : ma journée s’améliore. Et ce n’est pas fini. Une heure de philo. C’est toujours super avec ce prof, un type formidable. Ai-je déjà cité son nom ? Si je ne l’ai pas fait, je répare l’oubli : il s’appelle M. Lanthaume.
Puis, deux heures de perm (décidément). La première en tête-à-tête avec Adeline. Avec elle, je peux causer de tout. Souvent, j’ai l’impression que personne ne peut me comprendre, mais pas avec elle. Je suis en totale confiance, je sais que je ne l’ennuierai pas en parlant. Ça m’a fait plaisir qu’elle me dise la même chose : « Tu es la seule personne au lycée à qui j’ai envie de parler de choses personnelles (à part ***). » Ça m’a surpris, car je n’avais pas l’impression qu’on était si proches. La deuxième heure, je l’ai passée avec Mathieu, et d’autres par intermittences. Pour finir, une heure d’éco. En bref : une journée très satisfaisante, sur le plan de ma vie sociale.
Quand je suis rentré à la maison (il n’y avait personne), j’ai trouvé une lettre à mon nom. Un cachet de l’école Duperré… Argh ! Le flip. Mon destin est dans cette enveloppe. Je l’ouvre ? Je l’ouvre pas ? Je retire mes pompes, mon blouson, je m’installe dans ma chambre, bien calé dans mon fauteuil, je prends mon courage à deux mains, j’ouvre. Je vois quoi ? « J’ai le plaisir de vous faire savoir que le jury a retenu votre candidature et vous autorise à vous inscrire à l’ÉSAA Duperré à la rentrée de septembre 2005 en section de Mise à niveau. » Ouah ! Le soulagement. La joie. Y a pas à dire : ça fait plaisir. Je prends le téléphone, j’appelle maman à son boulot. Après, j’ai appelé S*. Puis Juline est rentrée. À midi, elle avait vu la lettre au courrier, alors elle me pose la question. Je suis pris !
Ils ont été rapides pour donner les résultats. La lettre est datée du 16 mai (j’ai passé le concours le 10). Voilà une bonne chose de faite. Je suis rassuré de savoir que je n’irai pas moisir à la fac, à me morfondre et à rater ma vie.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no4 (À la découverte de la vie normale, 13 avril – 6 juin 2005), j’ai dix-sept ans.
Je repense à mon Adeline à moi (qui s’appelait aussi Adeline), à nos mots échangés sur nos agendas, nos fous rires au self, nos confidences… L’importance d’être amis.
Ah oui, tiens, les mots échangés dans les agendas : c’est vrai qu’il y avait ça, au lycée !