Je corrige, je réécris. Puis j’écris « ah, oui, tu as raison » ou bien « je suis d’accord » dans les commentaires du traitement de texte.
Quand j’ai terminé L’épaisseur du trait la première fois, je savais bien qu’il n’était pas terminé. La deuxième fois non plus. Mais je ne savais pas comment aller plus loin. Comment l’améliorer, mon texte. Comment aller au bout de mon projet. Mais, au fait, c’était quoi mon projet ?
Et puis Guillaume est arrivé, et il a ajouté plein de commentaires partout sur mon manuscrit. Ça m’a fait un peu peur. Mais, bon, c’était ce que j’attendais, après tout : que l’éditeur m’aide à y voir plus clair. Et le phénomène magique, dans cette histoire, c’est que j’étais d’accord avec presque tous ses commentaires. Même (surtout) quand il s’agissait de couper. De nettoyer les tics, les parasites.
C’est beau d’être d’accord — et de le dire. C’est précieux. Parce que c’est vachement intime, ces tâtonnements, ces hésitations. Je propose un truc : « et si je l’écrivais plutôt comme ça ? » : c’est intimidant. On ne livre pas ça à n’importe qui. Si je n’avais pas confiance, je garderais ça pour moi, et le travail n’avancerait pas.
Il y a ces passages que j’aime bien, mais qui n’ont rien à faire là : c’est ça, le plus dur. Je voyais que ça clochait, mais je les aimais quand même — pour un tas de raisons (mon état d’esprit au moment de les écrire, par exemple).
Maintenant, j’y vois clair. J’ai mieux compris ce que c’était, mon idée de départ. J’ai retiré les trucs qui n’avaient rien à faire dans ce projet, et ajouté d’autres qui participaient à creuser mon sillon.
Au final, je crois que je peux le dire : c’est bientôt fini. Si Guillaume est d’accord.
Ha ! mais tellement, tellement… d’accord avec toi. Le travail irremplaçable avec l’éditeur. Bienveillance et rigueur. Non seulement ça améliore le manuscrit, mais ça permet de mieux écrire ensuite.