Lorsque je suis assis à ma table, souvent, je regarde dehors, c’est-à-dire que je regarde à travers l’ouverture de ma fenêtre. Comme je suis au septième et dernier étage, ma fenêtre est découpée dans la pente du toit. Dans la mansarde. Et, puisque qu’en face de mon immeuble il y en a un autre, symétrique, la vue qui s’ouvre devant moi est, logiquement, celle d’un autre toit mansardé.

Il est particulièrement agréable de voir le ciel bleu au-dessus du zinc (je vois même, au fond, la cime des arbres du square Maurice-Gardette, qui atteignent précisément la hauteur de mes yeux, c’est-à-dire du septième étage). Mais aujourd’hui, il se passe une chose extraordinaire : je vois le ciel bleu non seulement au-dessus des toits, mais aussi à travers le toit. Pour la première fois, je vois derrière l’immeuble d’en face : mon regard le traverse entièrement en empruntant l’axe des trois fenêtres alignées : la mienne, et les deux du voisin.

Cet alignement des fenêtres est plus rare encore que celui de la terre, de la lune et du soleil en cas d’éclipse totale. Je ne sais rien de mon voisin, mais alors absolument rien. Et je n’ai pas du tout envie de regarder chez lui pour en apprendre plus. Mais là, présentement, je regarde à travers chez lui — et c’est drôlement intéressant.
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