Hier soir, donc, R* et M* sont venus. J’ai montré à R* mes dernières planches (sauf B*, bien sûr !) et mes carnets de dessins à M*. Elle a bien aimé les portraits. Un truc m’intrigue : à chaque fois que des gens ont vu le portrait de Tardi que j’ai fait dans ce carnet, ils y ont reconnu un acteur célèbre, mais ils n’ont pas su me dire son nom. C’est une coïncidence fortuite ! Juline aussi a montré ses dessins. C’est intéressant pour moi de montrer mes BD à R*, parce qu’il dessine aussi.
G* et T* se séparent. Oui oui, vous avez bien lu : G* et T*, au mariage de qui je suis allé, il y a deux mois… On le savait déjà depuis deux semaines, car M* l’avait dit à maman au téléphone. On est quasiment les seuls à être au courant. Visiblement, ça allait mal entre eux depuis longtemps, mais ils ont quand même été jusqu’au bout, jusqu’au mariage. C’est dommage. Ça me semble surtout un peu fou. C’est vraiment une drôle d’histoire. Et on pense à leur fils qui a un an.
On a eu une séquence « histoire de la famille ». M* a raconté l’histoire de sa grand-mère, la mère de papy. Je raconte. Cette jeune femme était fiancée à un marin ; un marin à bord du Pourquoi Pas ? du commandant Charcot (j’adore le nom de ce bateau). Son fiancé est donc parti en mer, il n’est pas revenu. Entretemps, la sœur de cette jeune femme, qui a deux enfants, est sur le point de mourir. Elle fait promettre à sa sœur (c’est-à-dire à mon arrière-grand-mère) d’épouser son mari après sa mort. C’est ainsi que mon arrière-grand-mère, dont le fiancé avait disparu, a épousé le mari de sa sœur décédée. Ce mari avec qui elle fait trois enfants, dont papy. Papy a donc deux demi-sœurs, en plus de son frère et de sa sœur. Une histoire digne d’un roman.
À la maison, nous avons deux coquillages gravés, dont l’un porte une date : 1884. C’est papy qui nous les a donnés ; il les tiendrait de son grand-père (qui les aurait gravés lui-même ?) M* ne connaissait pas ces coquillages.
Maman a sorti une boîte de photos que papa a prises dans sa jeunesse. Je ne les avais jamais vues. Ça m’a fait drôle… J’en ai regardé quelques unes avec M*. Voir ces photos de papa à vingt ans, ou même plus jeune… Je n’en avais jamais vu. Ou rarement. À vrai dire, je lui ressemble beaucoup, mais ses traits à lui, à mon âge, sont plus fins, plus… différents ; bref, je le trouve beau. Il porte les cheveux longs, il a une silhouette très filiforme (il est maigre, même). Il était photographe. Les photos sont très belles. Il y a une série de portraits : des gens que je ne connais pas ; et des tas de photos de V*, la fille avec qui il vivait ; et des tas de photos de plein de choses, prises avec talent.
J’ai passé une très bonne soirée. On a parlé de plein de choses. Ils avaient apporté une bouteille de champagne « pour mon bac ». En l’ouvrant, Juline a laissé sauter le bouchon par accident : il y a une marque au plafond.
plus tard
Dans deux jours (mardi), je pars en vacances. Je ne sais pas si B* est rentré. Je ne l’ai pas vu sur MSN. J’ai envie de lui écrire de magnifiques lettres pour qu’il voit que je pense à lui. Je pense qu’il n’y a pas de contre-indication : si je me contente d’une petite lettre très sobre, d’ami à ami, genre « je passe de bonnes vacances », ça ne posera pas de problème. J’ai une idée qui me plaît beaucoup : lui envoyer une carte postale où je n’écrirai que des choses banales, mais en vers. Un petit poème en alexandrins. Je ne suis pas sûr qu’il sera sensible à ma poésie, mais il verra, au moins, que j’ai pris le temps de composer quelque chose… Cette carte exprimera mes sentiments, non par le fond, mais par la forme ! J’écrirai les choses qu’on dit à un copain, mais avec la forme qu’on donne aux mots d’amour ? À méditer.
Ce journal est en train de changer. Avant, c’était un journal très classique : text only. Depuis quelque temps, j’ai envie de varier : j’écris en couleurs, je colle des trucs. Ce volume est centré principalement sur B* : vous l’avez remarqué. Alors, je crois que son prénom en sera le titre. Cette collection maniaque, compulsive des éléments qui me font penser à lui, ça ne m’aidera pas à changer l’image que j’ai de lui. C’est sûr. Ce n’est pas en bâtissant un temple à B* que je l’oublierai. Je me complais là-dedans, ouais, c’est vrai. Ça pourrait me faire du mal si je me faisais des films, mais ce n’est plus le cas. Tout va bien.
plus tard
Nous partons en vacances dans deux jours. Je suis content d’en être content. Il y a peu, encore, je redoutais ces vacances. J’avais peur de me barber. Je redoutais la semaine à Aix avec maman, puis celle à Châtel où j’avais peur de m’ennuyer, malgré la présence de Juline. Maintenant, exit toutes ces pensées ! Je suis ravi de partir.
Ça me fait bizarre. Je n’ai pas l’habitude : je ne pars en vacances qu’une fois par an. Là, ce qui est bien, c’est qu’on va dans plein d’endroits. On a loué quinze jours, mais chaque semaine dans un lieu différent. Et, si nous partons dès mardi, c’est parce que nous ferons des étapes : deux nuits en Ardèche chez M*-N*, puis deux nuits à Marseille chez les O*. Au retour, il est fort possible qu’on passe aussi une nuit chez S* à Nuits-Saint-Georges.
Pour moi, l’archétype des vacances rasoir, c’est de passer trois semaines sur une plage avec des palmiers. Quelle horreur ! Je me fais chier, sur une plage. Je ne sais pas quoi faire. C’est agréable à petite dose, mais pas si ça devient systématique. La plage tous les jours, non. Cet été, on ira sûrement à la mer avec la famille O*, quand on sera à Marseille puis à Aix, mais sans en abuser. Ce sera agréable. Le pire, ce sont les vacances organisées type Club Med : les gens qui partent au bout du monde et qui, au lieu de découvrir un peu le pays, passent tout leur temps sur une plage bourrée de touristes comme eux. Inutile d’aller aussi loin… Un Club Med, qu’il soit dans les Caraïbes ou aux Baléares, je suis sûr qu’il est pareil partout.
À vrai dire, je n’ai même pas vraiment l’esprit voyageur. Ça ne me fait pas rêver, les voyages. Je ne dis pas que je n’aimerais pas ça, mais simplement que ça ne fait pas partie de mes rêves.
à propos de plage…
Été 2003, Sanary-sur-Mer. Je suis sur la plage avec Juline. Il est 18 heures, peut-être, et je décide de rentrer à l’appartement. Juline veut rester un peu. Je range mes affaires, je me lève, je me dirige vers le chemin qui mène chez nous. Derrière nous, il y avait un groupe de jeunes, plus vieux que moi (je crois que c’étaient seulement des garçons, je dirais : quatre mecs de dix-sept, dix-huit ans). L’un des garçons, parmi eux, me fait un signe. Il me dit quelque chose que je prends pour un « Salut ! » et que j’interprète comme un geste de sympathie, qui signifierait peut-être : « Tu as l’air sympa, à une prochaine fois, à demain peut-être ! » Je suis surpris. Je suis troublé, je me sens tout drôle. N’importe qui de normalement constitué aurait répondu un mot amical ou, au moins, un geste de la main. Moi, j’étais tellement surpris que j’ai regardé le groupe quelques secondes… et j’ai continué mon chemin. En rentrant à la maison, je n’ai pensé qu’à cet événement. J’avais envie de revoir ces types, de m’en faire des « copains de vacances », comme tout le monde… J’espérais les revoir le lendemain, tout en sachant que je n’oserais jamais aller vers eux, bien que j’en crèverais d’envie… Le lendemain (et les jours suivants), je les ai cherchés du regard. En vain. Ou alors, plus simplement : je ne les ai pas reconnus, ce qui est fort probable puisque, sur la place, je ne portais pas mes lunettes.
Cette anecdote est caractéristique de mes blocages sociaux, de mon incapacité à établir des relations avec les gens. Mais aussi, quand je revois ce moment à la lumière de ce que j’ai appris sur ma sexualité depuis, je comprends la situation différemment. Si j’étais si troublé (à la fois content de ce petit geste, et inquiet à la perspective d’établir un contact avec eux), c’est parce qu’ils étaient de jeunes garçons, beaux et quasiment nus (en mail de bain), et que les corps des garçons me troublaient déjà sans que je sache pourquoi.
Je me souviens, pendant ces deux semaines à Sanary où nous avons passé tant de temps à la plage, que j’ai beaucoup regardé les garçons et les hommes. Les filles en maillot défilaient devant mes yeux sans que j’y prête attention. En revanche, je détaillais avec minutie les corps masculins, je regardais avec admiration les corps fins et musclés des jeunes mecs qui jouaient au volley, je risquais des regards insistants vers les torses bronzés des beaux garçons allongés au soleil… Je me plaisais à comparer la pilosité des uns et des autres, les muscles plus ou moins saillants, j’admirais les belles peaux uniformément dorées. Bref : je matais. Et j’étais troublé. Mais ce trouble ne me troublait pas. C’est-à-dire que je n’étais pas inquiet de m’apercevoir que je matais les mecs en maillot de bain. Je trouvais ça normal. Je croyais que je faisais ça pour m’identifier, pour me comparer. Certes, ce n’est pas faux : je l’ai fait aussi pour ça. Mais ce n’était pas le seule raison : c’était surtout parce que j’y prenais du plaisir. J’étais jaloux du corps des autres. Je les trouvais tous mieux que moi. Plus musclés, plus bronzés, plus beaux. (Encore aujourd’hui, ça me fait la même chose, quand je mate les copains dans les vestiaires de sport : ils sont tous mieux que moi, sans exception.) Selon moi, c’était cela l’explication de mon trouble : j’étais simplement jaloux.
N’empêche que c’est un problème sérieux : je me mets dans des états incroyables dès que je vois un corps de garçon. Je trouve tout terriblement beau. Je prends plaisir à regarder n’importe quelle partie du corps. Vraiment, tout est beau. En temps normal (c’est-à-dire quand les garçons sont habillés), c’est déjà vrai : j’adore regarder les bras, les mains, la nuque, tout. J’ai déjà écrit sur les avant-bras musclés et nerveux, fins, qui tressaillent au moindre mouvement d’un doigt. Et les mains (fines, toujours) que je voudrais caresser. Les biceps, pas trop gros, un peu ronds, qui bougent quand le bras se plie ou se déplie : ça me laisse admiratif. J’ai le sentiment d’être en face de la beauté pure, comme devant une statue antique. Dans le cou, ce qui est le plus beau, c’est la frontière entre le cou et le visage, l’arête de la mâchoire, une arête bien tranchée, anguleuse. Il y a deux options : soit le type est rasé de près, et j’ai envie de caresser sa peau douce, soit il n’est pas rasé, et sa barbe de deux jours, très courte et dure, est plus excitante encore.
Je peux déjà voir tout ça, sur un mec habillé. Mais alors, sur un mec nu… vous imaginez dans quel état je me mets. Un torse de garçon ! Je ne suis pas fanatique des pectoraux gonflés à bloc, mais un corps raisonnablement musclé me plaît beaucoup (fin, toujours)… Les deux lignes dessinées par les clavicules saillantes. La poitrine, le ventre. La ligne verticale dessinée par les abdominaux, et le pli horizontal qui se marque sur le ventre, au niveau du nombril, quand le corps se plie ; le ventre suit tous les mouvements du corps qui s’étend ou se replie, c’est magnifique. Et le dos, constitué d’un tas de petits muscles très subtils jouant entre eux, c’est fascinant à observer. La colonne vertébrale bien dessinée, avec les omoplates saillantes, qui ressortent brusquement de la masse générale du dos à la faveur de certains mouvements, puis qui se confondent à nouveau dans le dos… Et la ligne des épaules ! Un garçon, de dos : la ligne qui détoure son corps : le cou qui se prolonge vers l’épaule en une corde gracieuse, puis la saillie plus vigoureuse de l’épaule, et la chute qui délimite le bras.
Je m’égare. J’avais commencé à dire : « C’est un vrai problème. » Pendant les vacances, si nous allons à la plage, j’aurai du mal à garder les idées claires. J’aurai ces corps de statues grecques tout autour de moi : ce sera à la fois un délice et une torture. Oh, je ne crains pas de réaction physique intempestive, du genre : l’érection impromptue, difficile à dissimuler. Non, je crains surtout pour mon esprit. Tout est dans la tête !
Mon fantasme du moment : pendant ces vacances, vivre un « amour d’été ». Rencontrer un garçon qui me plairait, à qui je plairais, avec qui je vivrais une petite histoire sans conséquences. Je ne nie pas que ce fantasme d’amourette a aussi une dimension sexuelle. J’ai très envie de faire l’amour avec un garçon. Malheureusement, je crois que ce n’est pas demain la veille. En attendant, je rêve. J’imagine des choses très excitantes. Ce qui m’excite le plus, c’est d’imaginer sucer, ou me faire sucer. Dans un rôle comme dans l’autre, c’est de ça que j’ai envie. Mais, en dehors du fantasme, si je me retrouvais dans une situation où la chose est réellement possible, oserais-je me rapprocher du garçon ? En aurais-je le courage ? Et même : en aurais-je encore envie ?
plus tard
Je me souviens de cet épisode, pendant les vacances de l’année dernière. Août 2004, une petite rivière perdue près de Lorgues (Var). Le cousin de C* nous a menés (nous et sa famille) dans ce petit paradis. Si l’on omet un mec avec sa fille, un peu plus loin, nous étions seuls à nous baigner dans la rivière, profonde seulement de dix centimètres à un mètre… Un petit paradis, oui : une eau presque chaude, des rochers où se poser, à l’ombre de grands arbres qui nous cachaient. Dans un coin, une sorte de petite falaise. Au pied de celle-ci, un bassin, plus profond par endroits. Un trou d’eau, très localisé. Tout autour, des rochers, et quasiment pas de profondeur. Deux garçons sont arrivés, ils avaient dix-huit ou dix-neuf ans. Ils ont sondé le fond, ils ont trouvé le trou d’eau, et ils ont entrepris une série de sauts depuis la « falaise ». Ils ont pris des risques insensés : sauter d’une telle hauteur, en visant une zone si petite ! pour aboutir dans le seul endroit du bassin où la profondeur était suffisante… On avait peur pour eux. On le leur a dit. Ils ont continué de sauter. Je regardais, fasciné. À chaque saut, je tremblais en imaginant ce qui arriverait, s’ils sautaient cinquante centimètres plus loin, sur un rocher… Mais je les regardais. Je regardais leurs corps. Je ne pouvais pas détacher mes yeux de ces deux corps adolescents, sportifs, fins et musclés comme je les aime… alors que je ne savais pas encore si précisément que je les aimais : à cette époque, je le soupçonnais très fort, mais c’était encore confus. Puis, ils sont partis.
Puisqu’on en est là… Puisque je parle de mes fantasmes depuis neuf pages, ou plutôt : que je parle de ce que j’aime dans le corps des garçons, de mes émois érotiques… j’ai envie d’être franchement impudique et de parler de masturbation. C’est un des rares thèmes que je n’évoque pas dans le journal ! Je parle d’amour, d’amitié, de BD, d’école, de politique, d’art… Alors, pourquoi ne pas parler de ça aussi ? La première fois que je l’ai fait, c’était assez tard. Jusqu’à quatorze ans, je ne sais pas exactement ce que je faisais. Il m’arrivait souvent de me caresser, de faire des trucs, mais sans aller loin. Je ne savais pas à quoi ça mènerait. Et puis, un jour, j’ai trouvé que c’était plus agréable quand ça durait. Je découvrais. Quand j’ai réalisé que je ne pouvais plus m’arrêter, j’ai continué, et voilà. Ça m’a surpris. À vrai dire, ça ne m’a pas vraiment plu. J’étais déçu : c’était tellement agréable avant ça, puis ça se terminait de cette façon bizarre… Les fois d’après, ça ne m’a pas fait le même effet. Je n’ai plus été déçu. Si j’ai découvert aussi tardivement ce que je pouvais faire avec mon propre corps, je crois que ça a un rapport avec le flou dans lequel je me trouvais. À quatorze ans, je n’avais pas les mêmes fantasmes que les autres garçons. Alors, quand j’ai commencé, je n’avais pas beaucoup d’imagination. J’essayais de m’imaginer faire l’amour avec une fille, mais ces pensées artificielles s’évanouissaient vite, et je pensais seulement à ce que je faisais, rien d’autre. Alors que, maintenant, je me permets de fantasmer allègrement. Même si souvent, encore, je ne pense à rien d’autre qu’à ce que je fais. Mais, de plus en plus, je m’imagine avec des garçons imaginaires. Ou bien, je leur donne un visage. Il y a deux personnes à qui je pense dans ces moments-là. Tout d’abord *** (mais surtout au début de l’année scolaire, quand j’étais sous l’emprise de son charme). Et dernièrement, le beau blond anonyme. Mais c’est différent. Je pense à lui pour m’exciter au début : il se déshabille devant moi, j’imagine comment son torse pourrait être, etc. : c’est très soft. Ce garçon, je le trouve beau, mais c’est une émotion subtile, j’ai du mal à l’imaginer en objet sexuel. Je n’arrive pas à imaginer qui que ce soit, d’ailleurs, en objet sexuel. Le seul avec qui je fais ça, c’est ***, parce que ça m’amuse. Une sorte de vengeance. Je trouve ça marrant. Bref. J’ai été assez impudique pour aujourd’hui.
J’ai commencé le tome 4 du Journal de Fabrice Neaud. Il y a une réflexion intéressante sur la pudeur et l’impudeur. Ce que j’aime avec son journal, c’est qu’il rejoint souvent les questions que je me pose. Surtout dans le tome 3, car la question majeure était celle de savoir ce que l’on a le droit de raconter, quand on décide de mettre en BD un épisode de sa vie étroitement lié à une autre personne. Lui, il faisait un livre sur son Dominique ; moi, je faisais le mien sur B*. Dans le tome 4, il évoque la création du tome 1 et il se pose la question de la transposition : ne devrait-il pas modifier le visage de Stéphane ? Non. Car, s’il le change, ce ne sera plus Stéphane. Les émotions nées de la vue de ses traits seront absentes du livre, si ses traits sont changés. Or, ces émotions sont à la base de son sentiment amoureux, et ce sentiment est le thème du livre ! Moi, je m’étais demandé s’il fallait changer le prénom de B*. Je me suis posé cette question en lisant, sur Internet, une intervention de Mélaka expliquant que son premier album, Romain (que je n’ai pas lu) était autobiographique, mais que ce n’était pas le vrai prénom de son copain. Ce n’était pas le sujet de cet entretien, c’était seulement mentionné en passant, mais ça a fait tilt en moi. J’ai cherché comment je pourrais rebaptiser mon personnage de B*. Je n’ai pas trouvé de meilleur prénom… Ce prénom lui va si bien ! Un prénom doux, jeune. Un beau prénom, idéal pour un beau garçon. Si le personnage s’était appelé Lucien, ç’aurait été difficile de lui exprimer les mêmes sentiments. J’aurais du mal à écrire : J’aimais Lucien » : ça sonnerait faux. L’émotion provoquée en moi par la seule évocation du prénom « B* » est irremplaçable.
J’écris beaucoup aujourd’hui, parce que ce carnet est quasiment terminé et que je voudrais le finir avant de partir en vacances. Je n’aurais pas voulu écrire n’importe quoi, seulement pour remplir, mais il y avait toutes ces choses dont je voulais parler et pour lesquelles je n’avais pas trouvé d’occasion. Voilà, c’était l’occasion.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no5 (intitulé B*, 8 juin – 1er août 2005), j’ai dix-sept ans.
Je rattrape mon retard dans la lecture des Carnets, ce 31 juillet 2005 est une mine. Antonin se livre encore davantage à son journal, et c’est nousbqui savourons le talent qu’il a déjà… Je retiendrai ce regard sur le corps masculin décrit avec une précision sensuelle, un véritable plaisir textuel…