Ce matin, dans son émission Paludes sur Radio Campus Lille, Nikola Delescluse a parlé de L’Épaisseur du trait.
Il commence toujours sa critique par la lecture d’un extrait et, en l’écoutant lire, eh bien, je suis content de redécouvrir ainsi mon propre texte (j’aime bien qu’il ait choisi cet extrait-là). Ensuite, il parle du livre. Il dit par exemple :
Au départ, c’est véritablement le silence et la promenade qui unit les deux personnages [Alexandre et Ivan], et on commence à découvrir, avec Alexandre et les autres protagonistes, ce territoire, ce monde dans lequel ils sont censés vivre et dont ils ne peuvent s’échapper, puisque — vous le savez si vous avez déjà manipulé un des plans de Paris —, on a les arrondissements qui sont sur deux pages, mais pas plus, et, si l’on veut passer à un autre arrondissement, il faut tourner la page. C’est cette page, justement, qui se tournera à un moment de l’existence d’Alexandre.
À propos de la deuxième partie (« Ailleurs »), il dit :
Une expérience absolument nécessaire, mais qui est toujours marquée par cette étrangeté et cette bizarrerie qui est, dès l’origine, dans l’Épaisseur du trait — à savoir qu’on ne sait jamais si ce voyage est réel ou non, et dans quelle mesure ce train que le personnage d’Antonin Crenn a pris est effectivement un train réel, et dans quelle mesure tout cela n’a pas été rêvé au cours d’une longue nuit dans cet appartement parisien.
Et là, s’il y a une autre bizarrerie, c’est dans la langue française : il peut dire (avec autant de justesse) aussi bien « le personnage d’Alexandre » que « le personnage d’Antonin Crenn », pour désigner Alexandre de deux manières différentes, puisque ce personnage est bien « le mien » — mais moi, j’ai envie de mettre ces deux bouts de phrases en parallèle pour les comprendre autrement, c’est-à-dire identiquement : j’ai l’impression qu’il dit que ce n’est pas Alexandre, mais moi qui ai pris le train. Ou bien, Alexandre et moi ensemble. Ce qui revient peut-être au même ?
Il avait déjà parlé du Héros et les autres dans l’émission, et c’est agréable pour moi de l’entendre faire le lien entre les deux.
Un texte qui, encore une fois, interroge beaucoup l’espace, comme c’était déjà le cas dans Le Héros et les autres, mais qui interroge aussi le rapport de l’un avec le groupe, avec les autres […] On a ici des autres, d’autres individualités qui viennent interpeller et interroger le personnage d’Alexandre, et l’inciter à s’ouvrir à cette forme de sensualité, à s’échapper de cette double page du plan parisien pour véritablement et pleinement exister.
Le mieux, c’est de l’écouter vous-mêmes en entier, ici.
Merci, Nikola !