Samedi 28 mai 2005

Je viens de lire cinquante pages du Protocole compassionnel. Toujours aussi difficile de s’en détacher.

J’écrivais hier que je ne rêvais plus de B*. Eh bien, cette nuit, si. Je me souviens de trois morceaux de rêves.

Le premier est assez peu intéressant. Il était tard le soir, il faisait nuit. J’étais dehors, devant l’immeuble, rentrant de je-ne-sais-où. Dans l’entrée (où sont les boîtes aux lettres et le digicode), je me sers un verre d’eau à une fontaine (?), puis je fais le code. J’entre. J’ouvre la porte de l’appartement sans éviter de faire du bruit. Je salue avec enthousiasme, du genre : « Je suis rentré ! » et je me fais engueuler par maman qui était déjà couchée (à 22h30 pourtant) et qui me dit : « Tu ne sors pas souvent le soir, c’est vrai, mais fais attention à ne pas faire de bruit en rentrant, ta sœur dort. » Je suis surpris et confus.

Le deuxième se passe en cours de SES. On fait du secourisme, exactement comme la séance d’initiation que j’ai eu à la Journée d’Appel, sauf que c’était animé par le prof à la place de la Croix-Rouge. On doit se mettre deux par deux, pour faire les gestes sur l’autre. Je ne veux pas me mettre avec S* (je ne sais pas pourquoi). Je l’évite discrètement, tout en culpabilisant de la laisser de côté. À ce moment, entre un type qui vient se joindre à nous. Je suis surpris parce que c’est un adulte : un prof (imaginaire) du lycée, que tout le monde sait homosexuel (allez savoir comment). Il s’installe. Entretemps, j’ai vu que B* était seul, et je n’avais pas trouvé de partenaire non plus. Je me suis donc dit : « Vite, il faut que je trouve quelqu’un, sinon B* voudra qu’on se mette ensemble. » Je ne veux surtout pas ça. Il vaut mieux, pour mon équilibre, que je ne sois pas avec lui. Que je ne le touche pas, que je ne le manipule pas… Alors, vite, je choisis l’autre mec : le nouveau (le prof). Je me mets avec lui. Il a l’air ravi. Je regarde B* : il a trouvé quelqu’un, je suis rassuré.

Le troisième. Je sors de cours de maths. Je suis dans l’escalier. Contre toute logique, je monte. Sur une marche, je vois quelque chose ; je m’arrête ; les autres continuent de monter. Je ramasse l’objet : c’est une montre. La montre de B*. Je la mets à mon poignet (celui où je porte déjà la mienne) et constate que son bracelet est plus grand que celui de ma montre (et c’est vrai, car j’ai déjà essayé sa montre dans la réalité : il a un poignet plus large que moi). Un peu plus tard, je trouve B*, je lui donne sa montre rapidement, puis m’éclipse tout aussi rapidement.

Voilà. Je ne pense pas qu’il y ait matière à interprétation. Ces rêves n’ont rien de symbolique ou quoi. Ils sont désespérément transparents.

Plus que deux jours de cours : lundi et mardi. Ensuite, le bac. Finalement, je me réjouis de tout ce temps libre en juin et juillet. Je vais pouvoir me consacrer à mes BD ! Même si je culpabilise de n’avoir pas trouvé de travail (et que je n’ai toujours pas cherché)… De toute façon, maintenant c’est trop tard. Même Juline, qui a cherché activement, n’a encore reçu aucune réponse favorable.

Demain, c’est le référendum. Peut-être que ce n’est pas une mauvaise chose, le fait que je ne puisse pas encore voter. J’aurais peur de faire une bêtise. Je ne suis pas archi-convaincu que le « non » soit la bonne réponse, malgré tous les arguments que j’ai trouvés. Je m’intéresse beaucoup à la question, mais j’ai du mal à être sûr de moi. Si je votais, je voterais non. Je n’aime pas ne pas avoir d’opinion infaillible.

Demain, c’est aussi la fête des mères. Je n’ai rien prévu. Je crois que je n’offrirai rien à maman cette année. Je n’aime pas ces fêtes artificielles. Je n’ai pas besoin qu’un commerçant me dise à quelle date je dois faire un cadeau à ma mère.

Je vais devoir m’acheter bientôt un nouveau carnet. Celui-ci est presque fini.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no4 (À la découverte de la vie normale, 13 avril – 6 juin 2005), j’ai dix-sept ans.

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1 commentaire

  1. Est-ce que l’Antonin d’aujourd’hui n’aime toujours pas ne pas avoir d’opinions infaillibles ?

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