Je vais à la presse pour acheter Le Monde, pour avoir le livre d’art qui va avec, sur Bacon. Je suis curieux de le lire. Peut-être apprendrai-je pourquoi il peint les corps de cette manière affreuse et dérangeante (même quand il peint l’homme qu’il aime, son corps est informe et horrible : pourquoi ?) Et toujours cette préoccupation qui me poursuit : Bacon était homosexuel, et alors ? Qu’est-ce que cela change ? Est-ce que son désir joue un rôle dans sa peinture ? Est-ce pour cette raison que je dois m’intéresser à lui ? « Mais non », me défends-je… « Je m’y intéressais déjà avant de savoir ça… » Je me souviens de la première fois que j’ai vu ses œuvres, dans une galerie parisienne, lors d’une sortie scolaire en cinquième avec Mme Agnello. Oui, c’est vrai ! Et puis, il y a aussi cette chanson de Gainsbourg : « D’un tableau de Francis Bacon / Je suis sorti / Faire l’amour avec un autre homme / Qui m’a dit… »
J’ai vu Va, vis et deviens, que maman a loué en DVD. C’est un beau film, même si j’étais d’abord réticent. Comme quoi, ça valait la peine d’aller au-delà des apparences.
Je travaille sur cette putain de rue Montorgueil. Je prends beaucoup de plaisir à dessiner, découper, mettre en page mes photos, mais c’est long et difficile. Et cela répond-il bien au sujet ?
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no6 (intitulé Mieux dans mes baskets, mieux dans ma vie, 3 août – 25 novembre 2005), j’ai dix-sept ans.