Je fais un peu d’archéologie. Je fouille dans mes papiers. À la médiathèque de Luçon, on prévoit une expo qui s’intitulera « dans l’atelier d’Antonin Crenn », qui durera le temps de ma présence là-bas. J’y montrerai mon travail comme si j’étais quelqu’un d’important. Plus précisément, ce sera autour du Héros et les autres : je vais étaler sur le mur toutes les choses qui ont participé à sa création, autour d’un plan de Saint-Céré. Chaque lieu important du récit sera lié à des images, des petits objets, des bouts de texte. Par association d’idées. Je ne montrerai pas seulement les choses qui m’ont servi concrètement pendant l’écriture (il y en a peu) : en fait, je vais inventer après coup une sorte de constellation. Je montrerai des livres que j’aime. Et aussi — c’est là qu’intervient l’archéologie — des petits bouts de vieux projets écrits ou dessinés quand j’avais l’âge de Martin, et qui contiennent déjà des motifs qui se sont retrouvés dans Le Héros. Et qui vont continuer de se retrouver dans d’autres textes, je vous le garantis.
Là, j’ai quatorze ans. Je suis remonté un peu trop loin dans ma frise chronologique. On garde de ces trucs. Remontant encore le courant, je tombe sur ce carnet de notes (je suis en CM1) : la maîtresse dit que je pourrais développer davantage mes idées en expression écrite. Comptez sur moi, maîtresse, je vais m’y appliquer.
Je prépare aussi, en ce moment, les ateliers d’écriture que je vais animer avec les jeunes Vendéens. Parmi les élèves que je rencontre en premier, à l’Île-d’Elle, il y aura des CM1 — je les inciterai à bien développer leurs idées en expression écrite, vous allez voir.
J’aimerais bien que l’Île-d’Elle ait été véritablement, à une époque, une île — puis qu’elle se soit retrouvée dans les terres à cause de l’assèchement des marais. C’est probable, mais c’est sûrement plus compliqué que ça. Je creuserai peut-être la question.
À l’Île-d’Elle, il y a une écluse qui s’appelle « le Gouffre », et puis une gare abandonnée devenue une maison particulière. Il y a une rivière qui s’appelle la Vendée (vous le saviez, vous, que la Vendée était le nom d’une rivière ?). Et il y a un monument aux morts en forme de bonhomme sur son piédestal. On ne va pas s’ennuyer, c’est sûr.
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