Il y a quelques jours, j’ai fait ce rêve. Je suis plus ou moins à l’école, plus ou moins en train de travailler. Les copains et copines ne sont pas loin. Soudain, je vois arriver Adeline ! C’est étrange… Cela fait six mois que je ne l’ai pas vue… et je pensais qu’on ne se reverrait plus. Nous étions si proches, pourtant ! Toujours est-il qu’elle est là. Elle est venue pour me voir. Je laisse tomber mes occupations et je vais vers elle, je l’embrasse chaleureusement, je lui demande de ses nouvelles, nous discutons. À la fin, je réalise que je n’ai pas osé lui demander si elle habitait toujours avec K*.
Ce matin, sur MSN, j’ai vu Adeline connectée. Elle est dans mes contacts depuis toujours, mais je ne l’ai jamais vue en ligne. J’ai pensé : c’est l’occasion.
Je l’ai abordée, nous avons échangé quelques paroles (pas beaucoup, car elle devait partir à la fac). Elle m’a dit qu’elle n’était plus avec K* depuis deux mois… Surtout, nous avons échangé de nouveau nos numéros (j’avais paumé le sien) et décidé de nous revoir bientôt. Je suis content.
Ce soir je vois Brokeback Mountain avec S* ! Mon émotion, à la sortie, est à la hauteur de mon impatience à voir de film… Je suis ressorti chamboulé, retourné. Que c’est beau ! Le sourire de Jake Gyllenhaal… Les silences de Heath Ledger… Leurs empoignades, les coups qu’ils s’envoient dans la figure… Surtout, ces cartes postales laconiques, d’une belle écriture d’écolier. Ce baiser si difficile à donner, auquel ils s’abandonnent ensuite sans retenue. Ces échanges si brefs, si rares, où l’essentiel est dit !… et la chemise d’Ennis que Jack porte sous la sienne.
C’est déchirant de voir ce combat qu’ils mènent contre eux-mêmes. Leur incapacité à être heureux. Comment Ennis passe à côté de l’homme de sa vie, et comment Jack souffre de son côté. Et comment leur histoire se termine : la mort odieuse de Jack.
J’ai affiché sur le mur de ma chambre une photo des deux cowboys sur leur montagne, que j’avais gardée du journal Métro ; je l’ai mise à côté du Temps qui reste, de Carnets de voyage et de l’affiche de l’expo Mélancolie.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no7 (intitulé Vincent, Alexandre, Édouard et les autres, 29 novembre 2005 – 18 mars 2006), j’ai dix-sept et dix-huit ans.