J’envoie cinq planches au Psikopat avec une petite lettre où je me présente. J’espère que ce n’est pas trop con. Quitte à être refusé, j’aimerais vraiment avoir un avis, et pas une lettre-type.
J’essaie de réunir un peu de doc pour dessiner Il n’y a pas d’heure. J’ai listé tout ce que j’aurai à dessiner et que je ne sais pas faire.
Je finis L’empire des signes. Il est chouette, Roland Barthes, parce qu’il sait écrire. Souvent, les intellectuels font des phrases compliquées juste pour se la péter, alors que lui, il écrit bien, c’est agréable à lire et, même, c’est beau. (Alors que je n’ai éprouvé aucune émotion d’ordre esthétique en lisant Régis Debray, par exemple.)
J’ai envie de lui envoyer un texto pour lui dire que j’aimerais le voir. Ainsi, c’est lui qui m’appellera. Mais, bêtement, je n’ose pas.
Cette timidité est si déplacée ! Car vraiment, avec lui, je n’ai pas à m’inquiéter. Il prendra plaisir à me voir, je le sais.
Ce soir, je regarde un film gentillet un peu con-con à la télé et, justement quand je n’entends pas mon téléphone sonner, il m’appelle. Ça c’est pas de chance ! Il me laisse un message sur mon répondeur et je prends plaisir à entendre sa voix, une vraie voix d’homme, et ses phrases que je trouve déjà si caractéristiques — un mec qui dit « par ailleurs » quand il parle, j’adore.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no8 (intitulé Croissance exponentielle, 19 mars – 23 juin 2006), j’ai dix-huit ans.