Pas cours ce matin. Mais je quitte la maison assez tôt quand même, pour avoir le temps de dessiner sur le trajet : un arbre, des têtes dans le RER, des gens sur le quai.
Je lis ostensiblement Edmund White dans le métro, surtout devant deux mecs que je me permets d’identifier comme homos.
Théoriquement, j’aurais dû mettre à profit mon heure d’avance pour travailler à la bibliothèque, mais j’ai préféré aller à l’Association (la maison d’édition). Une fois, j’y ai été et je me suis arrêté sur le pas de la porte. C’est intimidant parce que c’est là que les gens travaillent, et une partie seulement du local est consacré à la librairie. Cette fois, je suis entré. Ce qui m’intéresse, c’est les albums « défraîchis » vendus à –40 %. Je me suis acheté Le cycle (j’adore Lécroart) et Genèses apocalyptiques de Trondheim. Et j’ai pris les catalogues 2004 et 2005. Je reviendrai !
Au début du cours de modelage, M. Dugard nous a souhaité une bonne année — à nous présents dans la classe, mais aussi « aux ornithorynques ». Alors j’ai répondu : « merci pour eux ! » J’aime beaucoup ce prof. Il est très bavard. J’avais mis mon fameux pull beige, mais il n’a pas fait de réflexion cette fois-ci. (Je me fais de ces films !) Le sujet, c’était un travail collectif : la construction d’une machine infernale et loufoque. On s’est bien amusés.
Cette nuit, un rêve troublant. Je suis dans la rue avec maman. Une rue avec des boutiques, un peu comme au Rond-point du Pecq. L’une de ces boutiques est censée être celle de papy. Or, je m’aperçois que sa boutique est fermée… Je m’en inquiète. Je m’approche. Il y a un papier sur la porte : le magasin est fermé pour cause du décès du propriétaire. Je suis surpris d’apprendre la mort de mon grand-père de cette façon. Mais ce qui est le plus étrange, c’est que je ne suis pas triste ; et que je me rends compte de cette absence de tristesse, qui me trouble. Puis je relis le papier : la date du décès : vendredi dernier. C’est encore plus étrange… car papy est venu chez nous le samedi. Je fais part de ma surprise à maman. Elle n’est pas troublée, elle, par ce problème de dates. Elle me répond que papy peut parfaitement être venu chez nous samedi, alors qu’il était mort la veille. Cette réflexion me plonge dans un abîme de perplexité. Maman soutient-elle cette affirmation en vertu d’une croyance religieuse / spiritiste ? Ou alors, raconte-t-elle n’importe quoi ? Elle reste sérieuse, impassible.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no7 (intitulé Vincent, Alexandre, Édouard et les autres, 29 novembre 2005 – 18 mars 2006), j’ai dix-sept et dix-huit ans.