Lundi 13 mars 2006

matin

Un rêve dérangeant. Je suis encore un gamin. Je suis à la maison. Il y a maman tout près de moi. Je ne sais plus de quelle façon papa se manifeste : s’il sonne ou non à la porte ; mais je suis sûr de sa présence. Il est derrière la porte. Je lui parle à travers cette porte. Je suis malheureux et en colère de ne pas pouvoir le voir. Puis, il s’en va. Constatant mon désarroi, maman me dit : « Tu attends quelqu’un qui ne viendra jamais. » Je lui réponds qu’elle a tort, qu’il n’est pas trop tard. Pourquoi donc ne puis-je pas le voir ? Maman m’explique qu’une personne qui a changé d’identité, comme lui l’a fait, ne peut plus prétendre s’occuper de moi comme un père. Oh. Mais… certes, je comprends… mais tant pis, s’il ne peut plus être « mon père » ! Tout ce que je voudrais, moi, c’est le voir. Rien que le voir.

Je n’aime pas ces rêves. Cela m’arrive régulièrement. Je rêve qu’il est encore en vie et que je suis empêché de le voir.

soir

Je suis un moins que rien. Un sous-homme. Trois occasions manquées, aujourd’hui. À chaque fois : le temps que je me décide, c’est déjà trop tard.

Je ne suis même pas sûr que ce garçon me plaise. En fait, il ne me plaît pas vraiment (oh… quoique…), mais je me suis mis en tête qu’il fallait que je le connaisse et, à présent, il m’obsède.

Je sais que je suis obsessionnel, ce n’est pas nouveau. Ces derniers jours, je n’ai rien fait d’autre que répéter tout ce que je devais lui dire ; ou imaginer ce que serait ma vie si j’étais avec lui. Ce nouveau monde qui s’ouvrirait à moi quand j’aurai un garçon dans ma vie ! On partagerait tout. On se verrait après l’école, j’irais chez lui, on ferait l’amour, on prendrait un café en tête-à-tête pour se raconter nos vies, j’apprendrais à connaître son monde, je parlerais de lui aux copines, je le présenterais à maman, je découvrirai toutes ces choses qui existent autour de moi auxquelles je n’ai pas encore eu le droit.

Je suis bien conscient du fait que ce dernier paragraphe est affreusement naïf et fleur bleue, mièvre et gnangnan. Tant pis.

De deux choses l’une : soit je me le sors de la tête ; soit je vais le voir, au plus vite.

Plus j’attends, plus c’est difficile. Idéalement, j’aurais dû lui parler la première fois, spontanément. Nous serions déjà amants à l’heure qu’il est.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no7 (intitulé Vincent, Alexandre, Édouard et les autres, 29 novembre 2005 – 18 mars 2006), j’ai dix-sept et dix-huit ans.

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