Je suis attendu. C’est un événement que je n’ai pas organisé seul, mais qui repose essentiellement sur ma présence. Une soirée autour de mes livres, sans doute. Autrement dit : ça ne peut pas commencer sans moi. Je me trouve pourtant loin du lieu de la rencontre, car je dois d’abord accueillir François : il vient d’arriver à Paris, alors J.-E. et moi l’accompagnons chez nous pour lui montrer la chambre qu’il occupera. François prend le temps de déballer ses affaires en bavardant joyeusement avec J.-E. : ils parlent, ils parlent. Je suis content de voir qu’ils s’entendent si bien, mais tout de même : ils pourraient abréger ! car je suis attendu… Leur désinvolture n’est pas très respectueuse pour les invités (qui patientent déjà depuis plus d’une heure), ni pour moi (qui ai hâte de commencer cette soirée). Je leur dis : « On est très en retard et, en plus, on a quarante minutes de métro pour aller là-bas » — car cette petite sauterie a lieu à Montparnasse. Enfin, ils sont prêts. À ce moment, l’appartement ressemble à celui de mon enfance. À peine sortis de la résidence, nous tombons sur Juline et S. qui sont venus me chercher, inquiets : « Mais alors ! Qu’est-ce que tu faisais ? Tout le monde t’attend. »
Une ellipse. La suite fait partie du même rêve, mais j’ai oublié les épisodes intermédiaires. Je me trouve dans une ville inconnue. J’entreprends de la visiter en compagnie d’un homme que je n’identifie pas, mais avec qui j’entretiens une grande complicité : un compagnon de voyage. Il fait beau. Nous gravissons une rue en pente, très large, très inclinée. Sur son côté droit, elle est bordée par un talus immense et abrupt. Tout en haut : un jardin peuplé de grands arbres. Nous observons de loin (et d’en bas) ce lieu singulier. Devant nous, un groupe de touristes. Ils suivent avec attention les explications d’une guide conférencière. Celle-ci présente justement ce jardin, là-haut, alors ça nous intéresse. Nous nous asseyons pour écouter. Mais la rue est tellement penchée que je n’arrive pas à tenir en place, et mon ami non plus : à peine assis par terre, nous basculons en arrière et dégringolons de plusieurs mètres. Nous rions. Nous reprenons notre place auprès du groupe et, à nouveau, nous tombons à la renverse. Le phénomène nous amuse, mais nous craignons de déranger la conférencière en passant pour des sales mômes qui n’écoutent rien. Peu à peu, nous parvenons à stabiliser notre position. Là-haut, dans le fameux jardin, nous observons des dinosaures en mouvement, du genre Diplodocus, d’une belle couleur vert pomme. Ils évoluent tranquillement sur la colline, derrière des grilles métalliques vert bouteille (semblables à n’importe quelle grille de jardin public). Leur couleur est irréelle. Aussi, je suppose que ces dinosaures sont des faux. Peut-être des hologrammes. Je suppose donc que nous pourrions les approcher sans danger. Je demande à notre guide s’il est possible de monter au jardin des dinosaures, mais elle répond que c’est interdit. Pourtant, moi, je distingue des silhouettes humaines derrière les grilles : des promeneurs parmi les grands reptiles verts. Je propose à mon ami de fausser compagnie à ce groupe ; il comprend (à demi-mot) que j’ai l’intention d’aller au jardin par mes propres moyens. En attendant, nous poursuivons notre promenade dans cette ville inconnue. Je réalise soudain qu’il s’agit de Bourges. Je pense alors à Cécile : « Puisque je connais son adresse, je pourrais passer lui dire bonjour. »