Jeudi 16 juin 2005

Maths : d’une facilité affligeante. Même les nuls ont l’impression d’avoir réussi. Anglais : sujet classique. Bof.

À midi, trois heures de pause. Je n’ai pas parlé à B*. Je ne supportais même pas de le voir. Ça me rendait malade. J’étais très mal. J’ai beaucoup discuté avec Adeline. Je lui ai tout raconté. Ensuite, ça allait mieux.

Après l’anglais, j’ai réussi à passer cinq ou dix minutes presque normales avec B*. Je progresse ! Mais je ne lui ai pas dit ce que je voulais lui dire.

Ce soir, je lui ai parlé sur MSN. Juste le temps de lui dire ceci : que j’avais oublié de lui montrer quelque chose aujourd’hui, qu’il fallait qu’il m’y fasse penser demain. Comme je n’aurai rien à lui montrer, je serai forcé de lui parler. Je me tends un piège à moi-même. J’espère qu’il marchera. Voici ce qui devrait se passer :
B*. — Tu avais quelque chose à me montrer ?
Moi. — En fait, non. Mais je dois te parler.

Demain, c’est l’épreuve d’éco. Il finit à midi, moi à 13 heures (à cause de la spé). Mais il devrait être encore là quand je sortirai, car il déjeunera à la cantine.

J’ai parlé à Adeline du regard de B*, qui me bouleverse. Elle le trouve « inexpressif ». Encore une preuve de mon sentiment ! Avant, je pensais : « j’aime B* parce qu’il est beau » ; je me trouvais futile. De plus en plus, je comprends que c’est le contraire : je le trouve si beau parce que je l’aime. C’est d’une évidence !

Je ne veux pas perdre un ami.

J’espère trouver le sommeil ce soir.

Adeline m’a dit qu’elle m’avait trouvé beau pendant que je regardais B*. Ça m’a fait plaisir. C’est bête, mais ça m’a fait tout drôle : moi aussi, alors, je peux être beau. Avoir du charme. Le plus souvent, ça ne me vient même pas à l’idée.

En ce moment, remarquez, je me plais plutôt bien. En tout cas, mon visage. Pas mon corps (je l’ai déjà expliqué : ça ne tiendrait qu’à moi d’en avoir un plus beau…) Ma silhouette, ça va. Mon sourire peut-être. Je me supporte. J’aime bien me regarder dans des vitrines dans la rue, parce que j’aime bien mon allure quand je marche. Mais, tout nu dans le miroir de la salle de bains, et de face : bof.

C’est un problème. Imaginez que je vive un jour une histoire avec un garçon aussi beau que B*. J’aurais l’impression qu’il m’offre plus que ce que, moi, j’ai à offrir. Ça, c’est ma grande parano. Pareil avec les sentiments. J’aurais l’impression qu’on daigne m’aimer, comme une faveur. Je me sentirais redevable. Je ne peux pas me faire à l’idée que les sentiments réciproques, ça existe. Que si un mec veut de moi un jour, ce sera parce qu’il en a vraiment envie, et non pas pour me faire plaisir.

En amitié aussi, ça me fait ça. Quand un ami accepte de passer du temps avec moi, j’ai l’impression qu’il fait ce choix au détriment d’autre chose. Qu’il me fait une faveur. Mais merde ! Mets-toi en tête que les gens passent du temps avec toi seulement s’ils en ont envie !

J’ai peur d’ennuyer les gens.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no5 (intitulé B*, 8 juin – 1er août 2005), j’ai dix-sept ans.

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