Ça se passe dans un jardin. Il fait beau. Des gens sont rassemblés pour un barbecue. J’identifie ces personnes à la catégorie des « adultes », bien que je sois adulte moi aussi, parce qu’ils appartiennent à un groupe différent du mien — peut-être sont-ils des amis de ma mère. La nature alentour est assez sauvage. Un peu plus tôt, il a été question d’un renard. Je ne sais pas ce qu’il est devenu. Il ne reste qu’une maigre trace de son passage : quelques touffes de poils roux. En particulier, je trouve un petit amas de ces poils agglomérés, que je ramasse pour les regarder de près. Ils sont assemblés de telle façon qu’ils forment une galette, très graphique, où les poils roux dessinent des strates comparables aux cernes sur un tronçon de bois : une vue en coupe. Je dis au gars qui s’occupe du barbecue (qui, lui, fait partie de mes amis) : « Regarde, c’est une tranche de la queue du renard. » De plus en plus, ça ressemble à une rondelle de saucisse et je vois maintenant ladite rondelle dans le barbecue, parmi les cendres et les braises. Je crois même que je dis : « du chorizo de renard ». Pour mon ami, il est évident que ça ne se mange pas. Je lui donne raison. Pourtant, j’ai mis discrètement la chose dans ma bouche, mais je ne le lui dis pas. Je n’assume pas du tout. Je trouve ça absurde moi-même, car je ne mange pas d’animaux, et cette tranche énorme emplit toute ma bouche et me dégoûte. J’essaie de l’extraire avec les doigts mais ça colle au palais, il me faut du temps pour m’en débarrasser.
Une clôture sépare notre jardin d’une prairie. Là, des animaux sont parqués, dans un espace très grand qui ressemble à la liberté. Plusieurs convives leur jettent des trucs à manger. Je me dis que j’ai été trop con, tout à l’heure, de balancer ma rondelle de renard dans un bosquet : j’aurais dû l’envoyer aux animaux. Ils auraient aimé ça. Il s’agit essentiellement de chiens, tous identiques, de petit calibre (des bouledogues de salon). Il y a une autre bête, beaucoup plus grande (ma taille environ), qui attrape toute la nourriture avant qu’elle atteigne les chiens. Auprès de l’ami, j’appelle cette bête « fouine » en précisant que, d’après moi, les fouines sont beaucoup plus petites. Cependant, si l’on excepte ses dimensions, cet animal ressemble exactement à une fouine. J’ignore si cette étrange basse-cour appartient à quelqu’un. Elle ne joue plus aucun rôle dans la suite du rêve. C’est la clôture qui devient un élément central du récit, car plusieurs personnes (appartenant à « mon » groupe) décident d’aller se promener de l’autre côté. Deux ou trois sont déjà en train de baguenauder, tandis que moi, je n’ai pas encore compris comment on pouvait franchir cette frontière, constituée par des poteaux de ciment espacés d’un mètre cinquante environ, reliés par des fils de fer. La clôture est trop haute pour que je l’enjambe, et je ne peux pas passer par-dessous non plus, car le dernier fil est tendu presque au ras du sol. Il faut donc écarter deux fils supérieurs, et se faufiler entre. Mais ils sont tellement tendus que j’ai du mal à les courber. Je passe difficilement mes jambes entre deux (je suis assis par terre), puis je passe mes bras, mais pas dans le même interstice — si bien que je me trouvé coincé, emberlificoté. Je ne me souviens pas si je parviens finalement de l’autre côté. En revanche, il est certain que j’ai pris conscience de l’intérêt de franchir cette clôture : l’autre côté est drôlement agréable ! Alors j’entreprends de faciliter ce franchissement pour d’autres que moi et, en particulier, pour un enfant de mon entourage qui fête bientôt son anniversaire. J’ai une excellente idée de cadeau : je vais fabriquer un système pratique d’ouverture de la barrière, que l’enfant pourra remettre en place après son passage, discrètement (pour ne pas se faire toper) et aussi souvent qu’il le voudra. Voici comment je procède (j’effectue les opérations suivantes sur un modèle réduit de la clôture, où les poteaux de ciment sont remplacés par un cadre de bois tendu des mêmes fils de fer : la chose ressemble à un boulier chinois, sans les boules) : je coupe un fil de fer à deux endroits ; j’en supprime la partie centrale ; je la remplace par une autre section de fil de fer, plus longue que la partie extraite ; son excès de longueur me permet d’enrouler ses extrémités sur celles des câbles préalablement sectionnés. Il suffira donc de dérouler ces attaches pour enlever la section centrale : l’espace ainsi dégagé permettra de se faufiler, sans se faire mal, du côté de la liberté.