Vendredi 9 avril 2004

Les gens de ma classe sont partis en Espagne lundi soir. Ils repartent ce soir, pour arriver demain matin. Finalement, ils n’auront passé que trois jours là-bas. Et trente heures dans le car. Je suis bien content de ne pas être parti. Je suis donc resté au lycée. On était dix élèves, dont B* et moi. Mardi, on a eu une heure de maths ; mercredi, deux ; jeudi, rien ; aujourd’hui, une de français, une de maths, une d’anglais. Ce n’est pas trop fatiguant. N’empêche : je me suis ennuyé à passer toutes ces heures à la maison. C’est long. J’aurais bien proposé à B* de faire quelque chose ensemble, mais je ne savais vraiment pas quoi. À W* aussi, pourquoi pas ? mais je ne l’ai pas vu. Ce midi, j’ai mangé à la cantine avec François, Ludo et Thomas, des copains de l’an dernier. Bon, c’était sympa, mais je ne le referais pas tous les jours : on n’a pas vraiment les mêmes préoccupations. B* n’était pas là, dommage. Il est allé manger à Saint-Germain avec une copine. Il m’avait proposé de l’accompagner, c’était gentil de sa part, mais j’ai refusé, comme un con. Parce que je ne la connais pas, et je me connais, moi : je n’allais rien trouver à lui dire. Alors ils allaient s’ennuyer avec moi. Mais je regrette tout de même. Parce que je reste toujours seul, je ne sors jamais. Dimanche, j’ai été au cinoche avec S*, voir Les choristes, mais ça ne compte pas : ce n’est pas ce qu’on appelle « sortir ». Les autres font des soirées avec plein de potes, ils « s’éclatent ». Mais ça ne m’éclate pas, moi, ces trucs-là.

En ce moment, je suis triste, je n’ai envie de rien. Un coup de cafard. Je me rends compte que je suis trop seul. Ça m’attriste et, à la fois, je n’ai pas envie de connaître d’autres gens. Les fêtes, les copains, ça ne m’intéresse pas. D’où : paradoxe. Je redoute les quinze jours de vacances qui débutent aujourd’hui : qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ? Je sais très bien que je ne proposerai pas de sortie à des copains. Je me connais. Il n’y a que deux personnes avec qui j’aurais envie de sortir. S* : je sais qu’on se verra. Benoît : lui, ça me gêne, car on ne se voit plus. On ne fait plus aucun trajet ensemble. Au lycée, je ne vais jamais le voir, car il est avec sa bande de potes. C’est seul que je veux voir Benoît : je n’ai rien à dire à ses copains. Je vais essayer de lui proposer des trucs, mais, aux dernières vacances, il me disait qu’il était « overbooké » et on ne s’était pas vus du tout.

Dimanche, c’est Pâques. Tout à l’heure, j’ai dit que je sortais acheter du pain et j’en ai profité pour acheter deux poules en chocolat. Ça leur fera plaisir. À chaque fois qu’on fait un cadeau à maman, elle a l’air surprise, même quand c’est archi prévisible. En plus, je crois qu’elle l’est vraiment. Juline aussi sera contente.

J’ai dépassé aujourd’hui la centième page de ce carnet. Je me rends compte comme j’aime bien écrire.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no1 (« Journal, 14 août 2003 – 15 juillet 2004 »), j’ai quinze et seize ans.

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