Vendredi 31 mars 2006

Pas cours aujourd’hui. Je vais aux portes ouvertes du lycée Renoir (qui propose aussi un BTS communication visuelle). Et avant, je vais manger à la cantine. À 11h30. Comme vendredi dernier. Avec l’intention de m’installer à la table des BTS. Comme vendredi dernier.

La tablée est là. Mais il manque quelqu’un ; le plus important ; je ne vois pas É* ; je suis déçu ; moi qui avais espéré passer aux choses sérieuses aujourd’hui… Du coup, je ne me joins pas au groupe. Tant pis. Même si j’en ai bien envie, quand même, parce qu’ils sont tous chouettes.

Pour tuer le temps, je me rends chez Gibert, à la fois paradis sur terre et lieu de perdition, où je commence à prendre de mauvaises habitudes. J’achète La tendresse sur la peau d’Edmund White, la suite d’Un jeune Américain. Et les Chroniques de San Francisco d’Armistead Maupin. Sur mon étagère, je les range auprès d’Un jeune Américain, donc. Et de Guibert, de Gide, de Cocteau, de Wilde.

J’ai commencé L’homme au chapeau rouge. Hervé Guibert est une personnalité bien singulière, tout de même. Que je trouve fascinante. Un peu malsaine et terriblement lucide. Très attachante. La première phrase du bouquin fait une page. Une phrase étrange, puisqu’elle parle de plein de choses très différentes, tout en restant cohérente et facile) lire. Tout est dans le juste dosage des digressions et des virgules. C’est très difficile à faire.

Internet en panne depuis le 11 mars.

Benoît me téléphone, nous discutons un quart d’heure. Il s’implique à fond dans le mouvement anti-CPE, il fait partie de l’UNEF, il occupe sa fac (sans la bloquer), il est de toutes les manifestations. Ça ne m’étonne même pas.

Ce soir, conversation-SMS avec Camille.
Elle. — T’es partant pour une soirée picole ? Tu prends un train et hop, on boit comme des trous jusqu’à pas d’heure !
Moi. — Là maintenant tout de suite ? Euh… J’ai rien à fêter, pas de chagrin à noyer, et je suis bien au chaud chez moi. Mais merci, c’est gentil.
Elle. — Si tu étais mon ami, tu serais mon frère de chagrin et tu célébrerais avec moi les funérailles de ma platine vinyle.
Moi. — Oh, merde ! Toutes mes condoléances… Je comprends ta douleur. J’espère que ce n’est pas Patti [son rat] qui a bouffé le diamant ?!
Elle. — Non, même pas ! Cette salope a bouffé LE fil ! Celui qu’il faut pas toucher à ! Bref, je termine ma veillée funèbre, adieu mon tendre ami.
Moi. — J’étais sûr que la bestiole était dans le coup. Vivement qu’elle se fasse attraper par le chat du voisin !
Elle. — Oui ! Et en plus, je pourrai débuter une cour assidue ! Mais que deviendrais-tu, toi mon premier et unique amour ? T’aurais enfin la paix !
Moi. — Je suis sûr que *** serait ravi de lire ton message précédent… Moi, ton unique amour ? Soyons sérieux… Tu ne connais pas ta chance.
Elle. — Oui, excuse-moi… J’ai dit ça sans penser que ça pourrait te faire de la peine. Je sais que j’ai énormément de chance d’avoir ***, qui est un ange de patience et de douceur avec moi. Quant à ce que je ressens pour toi, bien sûr que tu n’es pas mon unique amour, etc., mais j’ai beaucoup de mal à parler d’amitié et j’ai tendance à mélanger les sentiments. Mais on peut dire que je te suis très attachée et que j’éprouve à ton égard beaucoup d’amitié que j’exprime souvent maladroitement. Et enfin, en ce qui concerne ma chance de vivre ce que je vis avec ***, je suis certaine que ça te tombera sur le coin du museau un de ces quatre… Tu es quelqu’un de super, tu as tout pour toi. Alors, que ce soit Mister Com’ ou un autre, à mon avis tu n’y échapperas pas !
Moi. — Ouh la la, je n’en demandais pas tant ! Je crois que je vais encadrer ton message pour le relire dès que j’aurai besoin de réconfort ! Merci… et bonne nuit, j’ai plein de rêves en retard à terminer.
Elle. — Bonne nuit mon petit ! Je te ferai une belle version calligraphiée pour que tu l’encadres. Rêve bien.


Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no8 (intitulé Croissance exponentielle, 19 mars – 23 juin 2006), j’ai dix-huit ans.

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