Presque la fin des cours, déjà… Plus qu’une semaine. Je ne suis pas sûr d’être très enthousiaste à cette idée. Qu’est-ce que je vais faire de mon temps ? C’est long, les vacances ! Juin, ça va encore. Peut-être que j’aurai des potes à voir. Et puis, tant que le bac n’est pas passé, c’est comme si l’année n’était pas terminée (le bac, c’est le 11 juin pour l’écrit de français, et vers le 22 pour l’oral). En juillet, Juline va travailler chez Axa, comme l’an dernier. En août, on partira les deux premières semaines près de Draguignan (dans le Sud-Est : je précise parce qu’il paraît que c’est connu, mais je ne connaissais pas) avec C*, N* et les trois enfants. La première semaine, Juline ne sera pas avec nous, mais dans un camping près de Perpignan avec ses copines. Elle nous rejoindra pour la deuxième semaine. Voilà : c’est tout un programme, mais un programme un peu vide. Qu’est-ce que je vais faire ? Benoît part pour les deux mois, je ne le verrai pas. Il faut que je demande à S* ce qu’elle fera. À part eux, je ne sais pas qui j’aurais envie de voir. C’est terrible à dire, mais je me demande vraiment ce que je pourrais faire, si je voyais les autres copains. Je n’ai aucune idée de ce qu’on ferait, si je me retrouvais en tête-à-tête avec B* par exemple. Je l’aime bien, pourtant. Je crois que je pourrais même le considérer comme un ami. Mais je sens cette incapacité totale à lui proposer quoi que ce soit. Je ne sais pas faire, tout bêtement. Je ne suis pas sûr d’être clair en l’écrivant. Je devrais me relire pour voir. En gros, je voulais parler de ce problème de la conversation : je ne suis pas très bavard, je me surprends souvent à faire des efforts incroyables pour alimenter une conversation, avec des gens que j’aime pourtant. C’est très culpabilisant, car je me dis que je devrais avoir plein de choses à dire à ces gens, mais je ne trouve rien. Ça m’arrive avec mes amis ; avec maman. Le truc, c’est que je ne suis pas vraiment bavard et, même si j’avais des choses à dire, il ne me viendrait pas à l’idée de les dire. Par exemple, ce midi à la cantine : S* a raconté sa journée d’hier. Elle est comme ça, S* : toujours quelque chose à dire. Des anecdotes. Ce qui lui passe par la tête. Ce n’est pas péjoratif quand je dis ça, au contraire. Moi, je suis incapable de faire ça. Je n’ai pas raconté que j’avais vu Benoît hier (c’était férié, il est venu à la maison), ni que j’avais vu Dancer In The Dark mercredi soir. Je n’arrive pas à parler de moi si personne ne me le demande, parce que je n’ai pas l’impression que ça puisse intéresser. Il faudrait que je me force.
Donc, hier, Benoît est venu. J’étais content, on ne s’était pas vus depuis des lustres, ou seulement croisés rapidement au lycée. Je l’ai appelé le matin, il est venu l’après-midi. On a parlé de BD, du lycée, de plein de trucs.
Lundi, j’ai lu Un cabinet d’amateur de Georges Perec (encore lui ?). Il faisait beau, j’ai été à la bibliothèque, j’ai emprunté ça et je l’ai lu dans le jardin. C’est tout petit, ça se lit vite. C’est très étrange, mais j’ai trouvé ça génial, une fois de plus.
J’ai aussi emprunté Du côté de chez Swann, le premier volume d’À la recherche du temps perdu de Proust. J’en ai lu quatre-vingt pages, peut-être. C’est long à lire, il faut prendre son temps, c’est riche. Il n’y a pas vraiment d’histoire (du moins, pour le moment, on verra pour le suite), ce sont surtout des descriptions, des états-d’âme, des digressions sur les souvenirs d’enfance du narrateur (dont on ne connaît d’ailleurs pas le nom). Ça peut paraître bizarre que j’aie envie de lire Proust, mais j’y pensais depuis un moment. Puis, lundi, B* en a sorti un exemplaire de son sac en disant qu’il le lisait pendant le cours d’histoire. Ça m’a donné envie d’essayer aussi.
C’était l’anniversaire de B* hier. Je lui ai envoyé un dessin par mail. Le dessin, je l’ai fait dans Photoshop avec ma palette graphique : c’est moi, tenant Torink en laisse, et nous souhaitons tous les deux un joyeux anniversaire à B*. J’ai dessiné son corps et intégré la photo de sa tête (scannée depuis la photo de classe).
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no1 (« Journal, 14 août 2003 – 15 juillet 2004 »), j’ai quinze et seize ans.
C’est incroyable comme on (je ?) peut se retrouver dans ce qu’écrit cet ado. Ça m’interpelle beaucoup.
Crois-moi : c’est incroyable pour moi aussi, qu’on (tu ?) puisse se retrouver dans ce que ce jeune mec écrivait au début de notre siècle ;)