8h30 : entretien à Estienne. Tout se passe très bien. À Duperré, c’était un monologue de dix minutes, alors que là, pendant un quart d’heure, c’était un échange. À la fin, l’un des trois profs a pinaillé — avec le sourire — sur le boulot que j’ai fait à propos de La position du tireur couché : « Vous avez lu le livre ? Le personnage est un tireur d’élite, il a un fusil d’assaut, et vous l’avez dessiné avec une mitraillette des années 50… »
Étienne est très déçu : il n’a pas été retenu pour passer l’entretien. J’ai l’impression d’être un rescapé : sur la longue liste des candidats convoqués, je ne connaissais presque personne de Duperré.
J’ai envie d’étudier à Estienne, mais j’ai aussi envie de Duperré. Je change d’avis tous les jours. Si je suis reçu dans les deux écoles, ce sera un véritable crève-cœur de choisir. Estienne, c’est l’école par excellence pour les métiers du livre ; c’est une réputation ; c’est tous les élèves qui bossent dans le même domaine — alors que la section com’ de Duperré est un peu perdue parmi celles de mode. Mais Duperré, j’y suis bien, j’y suis chez moi, je ne veux pas partir. J’y ai mes amis, j’y ai mes profs que j’aime beaucoup, j’y ai mes repères…
Je vais au cinéma voir Volver, le nouveau Almodóvar, avec Coline et Morgane. Au Mk2 Bibliothèque. Comme j’ai du temps à tuer avant la séance, je me promène dans le quartier : la bibliothèque, donc, et la rue René-Goscinny.
En gravure, je fais un portrait de James Dean sur bois et le résultat est très satisfaisant.
J’ai posté ma carte d’anniversaire à B*.
Je me demande si je ne devrais pas appeler É* pour lui proposer qu’on se voie demain.
C’est les vacances, en quelque sorte.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no8 (intitulé Croissance exponentielle, 19 mars – 23 juin 2006), j’ai dix-huit ans.