Ce poème a été publié dans Revue Méninge no8 en janvier 2017.
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Le soir, quelquefois. Le sommeil
voudrait venir ; on dérive,
on s’abandonne. Quelque chose veille,
qui ne veut pas dormir. Qui attend, sur le qui-vive.
Le rêve s’invite, il est doux.
C’est une voie, on la suit — elle nous mène où ?
Soudain, la terre s’ouvre, le pied se dérobe, on sombre ;
un faux pas. Pas un cri. Le vide nous tire dans l’ombre.
La voix voudrait, mais ne peut pas. Dans le noir,
Les yeux s’ouvrent pour fuir le rêve qui les hante.
On tombe, on s’éveille. Le cœur chante
à se rompre. Il fait trop sombre pour y voir.
De gouffre, il n’y en a pas. Sans bris, sans mal,
le trou s’est ouvert dans la poitrine : un vertige.
Le cœur qui s’emballe, qu’y puis-je ?
Le sommeil à nouveau s’installe.
Le matin, cette fois. Le corps tremble,
le lit oscille. Il semble
que le sol remue sous celui-ci,
et que les murs, dehors, aussi.
La terre s’est ouverte à sept heures quarante,
pas si loin d’ici. La sensation n’est pas courante.
Un vertige. On s’éveille.
Là-bas plus rien n’est pareil.
Le cœur qui s’étonne, un drôle de présage.
Des toits sont tombés, des villages
sont éboulés.
Un paysage s’est effondré, une minute seulement
s’est écoulée.
Mille éclats, un tout petit instant,
un fracas. Des ruines.
Ici, pas un bruit, pas un cri. Dans la poitrine,
ça bouge ; on ne sait plus si c’est dehors ou bien dedans.
On voudrait se lever, mais ça tangue ; c’est un peu dur.
Dans les villages, il n’y a plus un mur.
Debout, les jambes vacillent, elles ne tiennent plus le corps ;
là-bas, tout est à terre ; on ne le sait pas encore.
Italie, octobre-novembre 2016