Il faudrait fuir. Mais le bord du cadre s’approche, les ombres se font plus denses, c’est un piège. Des silhouettes noires aux ramifications dérisoires : ils sont rabougris, les arbres. Les montagnes, au-delà, ne paient pas de mine. Elles sont avachies. Usées. Leur ligne, seul horizon, crée l’illusion que le paysage n’est pas vide. Pour cette …
Archives de la catégorie : Fictions
Comment on découvrit un rocher biscornu en forêt de Fontainebleau, comment on en tira profit et comment il disparut
« Hé maman, pourquoi ce caillou il a des trous dedans ?— C’est à cause de la géologie, mon poussin. Les années passent par millions, et ça laisse des formes bizarres au bord des chemins : les canyons, les falaises, les menhirs. »
La boîte en bois et la boîte en carton
Cette nouvelle a été publiée dans la revue Squeeze no15 en mai 2017. Que je vous explique : ces photos, je les ai piochées sur l’étal d’un bouquiniste en Italie. Il y en avait des tas, c’était aussi bon marché qu’une part de pizza. J’ai trouvé que ces quatre-là allaient bien ensemble : elles racontent …
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Un vertige
Ce poème a été publié dans Revue Méninge no8 en janvier 2017. • • • Le soir, quelquefois. Le sommeil voudrait venir ; on dérive, on s’abandonne. Quelque chose veille, qui ne veut pas dormir. Qui attend, sur le qui-vive. Le rêve s’invite, il est doux. C’est une voie, on la suit — elle nous …
Ce serait un jeu
Cette nouvelle a été publiée dans L’Ampoule no20 en juin 2016. • • • L’objet — le grand objet — se présenterait sous la forme d’une multitude de petits objets. Chacun de ceux-ci aurait des caractéristiques communes : il serait plat, l’une de ses deux surfaces serait d’un gris pâle et l’autre serait imprimée. Ses contours …
Pourquoi pas Léon
Il y a les canards habituels : les petits gris avec une tête verte. On les connaît par cœur, ils n’épatent plus personne mais je les aime bien, je suis content de les voir. Quand j’arrive au lac, j’ai chaud parce que j’ai couru comme un fou, à toute allure, je fonce aussi vite que je …
Supernova
Il dit qu’il ne sait pas pourquoi c’est ainsi, mais il s’en accommode parfaitement. Tout le monde lui tourne autour et chacun a une bonne raison de le faire. Pour certains, c’est l’éclair métallique qui scintille au coin de son œil, lorsqu’il lève son visage grave et qu’il déploie la courbe de son grand corps. …
Mario sur la colonne
Mario est tout seul, perché là-haut. Et ça lui plaît. Il n’y a personne pour l’embêter, et il a une vue terrible sur les environs. Il a du temps pour réfléchir et pour se raconter des histoires dans sa tête. Quand il était petit, au début, Mario ne savait pas marcher. Alors il rampait dans …
Des bateaux, encore
Des silhouettes de bois que la mer caresse deux fois par jour : on pourrait y passer la main pour sentir comme elles sont lisses. C’est une tendre routine. Parfois, l’étreinte de la mer se fait fougueuse ; une arête se brise et c’est une saillie terrible qui se dresse dans un éclat tranchant. On s’y écorcherait …
Pépin et le monde
C’était impossible de le dire avec simplicité, vous ne vous rendez pas compte. Et comme le dire simplement c’était insurmontable, il était traversé, très fugitivement, par la tentation de le dire de manière compliquée, mais c’était tellement fugitif, c’était tellement rapide et tellement vif, qu’en réalité cette tentation ne le traversait pas (car traverser, c’était …