J’ai lu hier soir le tome 2 du Journal. Bouleversant. Pour parler de tout, ses mots sont si bien choisis… chaque phrase est merveilleuse de justesse. Textes magnifiques + dessins sublimes = une bande dessinée géniale.
Vers la fin, il y a un passage de trois pages dans lequel il exprime une idée que je voudrais développer dans B* (je n’ai pas d’autre titre pour ce projet, alors gardons celui-ci). Sa manière de le dire est si juste que j’aurais du mal à le dire autrement. C’est une difficulté. Mon projet ressemble beaucoup à ce Journal. Il faut que j’arrive à m’en détacher. Je ne veux pas faire du sous-Neaud, je veux faire du bon Antonin Crenn.
J’ai refondu toutes les planches déjà faites. Avec ce nouveau découpage, ces quatre chapitres font désormais seize planches au lieu de douze. C’était trop tassé. J’ai écrit le cinquième chapitre : le jour où il est venu chez moi (le 3 mars). Ça prend sept planches, soit vingt-trois en tout.
Ça m’intéresse de changer de format. Je n’ai pas l’habitude du format en trois bandes. Du coup, parfois, je n’ai que quatre ou cinq cases par page, voire trois (une par bande). C’est plus aéré. Je veux faire une BD esthétique. Je soigne beaucoup les textes et je voudrais que les dessins soient beaux (d’habitude, je cherche surtout à ce qu’ils soient efficaces).
J’ai trouvé la tête du personnage de B*. C’était difficile, mais je crois que j’y suis. Le plus difficile sera de varier ses expressions. Mon dessin n’est pas assez riche pour exprimer toutes les subtilités d’un regard, d’un sourire. Si j’écris que ceux de B* sont magnifiques, mon dessin doit être à la hauteur ! J’ai peur de ne pas y arriver.
Si B* est sous l’influence du Journal de Neaud, toutes mes BD sont sous une influence, plus ou moins directe. Anatole et La rencontre avec Jean-Pierre : Lapinot et Les carottes de Patagonie, parce que c’est une BD improvisée. Les Petits déjeuners : les Exercices de style de Queneau (pour le petit déjeuner minimaliste, c’était encore Trondheim avec son Dormeur et pour le petit déjeuner international c’était la « rubrique-of-the-bracovsky » de Gotlib). Anatole et l’ornithorynque : le Corbac aux baskets de Fred, à cause de l’animal et des dialogues saugrenus. Le dernier chocolat de la boîte : Starsky la palourde et Hutch la moule de Larcenet (le plan fixe et l’humour absurde). Torink : il y a quelques années dans Spirou, « le Professeur Platypus recycle » me faisait mourir de rire. Mon projet abandonné de roman (sur la fin du monde), c’était après avoir lu Brautigan. Anatole et Boucle d’Or : plus ou moins les Petit Poucet et Chaperon rouge de Gotlib.
Cette rubrique « Carnets » reprend le journal que j’ai commencé à tenir en 2003. Dans ce carnet no5 (intitulé B*, 8 juin – 1er août 2005), j’ai dix-sept ans.